Pour la première fois, le MUba Eugène-Leroy consacre une exposition quasi entièrement tirée de sa propre collection, riche de près de 3 000 œuvres. Avec “Entrelacer”, le musée ne se contente pas de montrer, il raconte : son histoire, ses choix, ses artistes… et les liens tissés entre eux depuis plus de 150 ans.

Une collection maison à (re)découvrir
Dès les premiers pas dans l’exposition, on croise le regard assuré de Mademoiselle Croizette, immortalisée à cheval par Carolus-Duran en 1873. Cette œuvre, acquise dans les années 1920, est désormais accompagnée de ses esquisses préparatoires et d’une petite huile récemment achetées aux enchères. Une entrée en matière symbolique : l’exposition veut montrer comment les œuvres se répondent, se complètent, se révèlent les unes à côté des autres.
Un musée aux origines modestes, aux ambitions vastes
Créé en 1860 dans les murs de l’hôtel de ville, le musée n’a cessé d’élargir son fonds : peintures flamandes, natures mortes du XVIIIe siècle, œuvres régionales… Certaines données par le baron Rothschild, comme un buste de Paul Claudel signé Camille Claudel, témoignent du prestige acquis.
Le déménagement dans un hôtel particulier dans les années 1930 marque un tournant, tout comme l’arrivée après-guerre de Jacques Bornibus, conservateur visionnaire. Sous son impulsion, le musée s’ouvre aux artistes contemporains, tout en continuant d’acquérir des œuvres majeures d’estampes de Goya ou Fragonard.
« C’était un visionnaire. Il a privilégié l’art de son temps », souligne Mélanie Lerat, conservatrice du MUba.
Eugène Leroy, une histoire d’ancrage et d’influence
Si certains artistes de l’École des Beaux-Arts de Tourcoing — comme Pierre-Yves Bohm ou Mahjoub Ben Bella — ont fait le lien entre les murs du musée et les ateliers d’art, c’est Eugène Leroy qui incarne le plus solidement l’ancrage local. Soutenu dès ses débuts par Bornibus, Leroy est aujourd’hui l’âme tutélaire du MUba. L’exposition lui consacre une salle entière.
Des dialogues visuels entre époques et styles
Dans sa dernière partie, “Entrelacer” met en lumière la richesse du musée sans collection permanente.
« C’est une chance. On peut faire des choix qui ne sont pas définitifs », explique Mélanie Lerat.
Des œuvres prêtées par le LaM, comme celles de Geneviève Asse, croisent les Silhouettes de Claude Garache, fraîchement acquises. À leurs côtés, le concierge énigmatique de Jean Fautrier ou les formes enfouies d’Eugène Leroy dialoguent, se répondent, parfois s’opposent.
« Chaque œuvre a une histoire, mais à côté d’une autre, elle raconte autre chose », conclut la conservatrice.
📍 Exposition “Entrelacer”
🗓️ Jusqu’au 1er septembre 2025
📌 MUba Eugène-Leroy, 2 rue Paul-Doumer, Tourcoing
ℹ️ muba-tourcoing.fr