Un an après avoir frôlé le naufrage financier, la MJC – centre social La Fabrique peut enfin souffler. L’assemblée générale, organisée jeudi soir dans ses locaux, a sonné comme un soulagement collectif, doublé d’un message d’espoir. Après avoir traversé de lourdes difficultés économiques, la structure affiche aujourd’hui des comptes assainis et un cap retrouvé. La métaphore aquatique, filée avec humour par le président Christophe Catteau, prenait tout son sens dans une salle décorée de bouées de sauvetage : « On sait nager maintenant, et c’est quand même mieux la tête hors de l’eau ! »
Une tempête en 2023, des décisions difficiles
L’année 2023 avait mis La Fabrique au pied du mur. Fragilisée par une gestion sous tension, des charges lourdes et un contexte économique global défavorable aux structures associatives, la MJC s’était vue contrainte de prendre des décisions drastiques : hausse de 40 % des tarifs, baisse du nombre d’adhérents (de 890 à 810), suppression de trois postes, gel de certaines activités… Des mesures douloureuses, mais jugées indispensables pour assurer la pérennité du lieu.
Un plan de sauvegarde a été conçu par Michel Perret, l’ancien directeur aujourd’hui retraité, et adopté par le conseil d’administration. Ce plan, combiné à un accompagnement étroit de la CAF et de la Ville de Tourcoing, a permis de limiter la casse.
« On a travaillé pour que tout cela puisse survivre, et on a réussi », a sobrement déclaré Michel Perret, visiblement ému au moment d’adresser ses remerciements à l’équipe, aux bénévoles et à sa successeure, Sofya Groult, qui dirige désormais l’établissement.
Une structure debout et des projets en vie
La preuve que la stratégie a porté ses fruits ? Le résultat net de l’année 2024 est d’ores et déjà annoncé bénéficiaire à hauteur de 44 127 euros, contre un maigre +1 722 euros l’an passé. Une embellie qui redonne des perspectives à une structure qui couvre les quartiers populaires des Francs, du Flocon, du Brun-Pain, de la Blanche-Porte et du MCR Prouvost.
Car malgré la tempête, les activités ne se sont jamais arrêtées : ateliers pour tous les âges, séjours culturels, cafés parents, actions citoyennes comme les « reporters du quartier », projets Erasmus+ pour former de jeunes animateurs, spectacles, sorties culturelles… Lors de l’AG, familles et jeunes ont pu témoigner de l’importance de la Fabrique dans leur quotidien.
Des soutiens décisifs, mais une dette à éponger
Le redressement n’aurait pas été possible sans le soutien massif des partenaires publics. La Ville de Tourcoing et la CAF financent à elles seules 80 % du budget de fonctionnement, soit près de 880 000 euros sur un budget global d’1,1 million.
« 2023 a été une année compliquée pour tout le monde, mais nous avons été présents et nous le resterons », a souligné Zina Dahmani, conseillère municipale déléguée aux centres sociaux, rappelant au passage la subvention exceptionnelle de 38 000 euros accordée pour les charges énergétiques.
Reste cependant un passif de 240 000 euros à rembourser. La Ville a exprimé sa volonté d’en étaler le remboursement sur cinq à dix ans, afin de ne pas freiner la dynamique retrouvée.
Une structure essentielle au lien social
Si la Fabrique continue de tenir bon, c’est aussi grâce à son ancrage fort dans les quartiers qu’elle dessert. Espace de rencontres, de soutien, de culture et de citoyenneté, la MJC joue un rôle essentiel dans un contexte où les structures de proximité sont souvent les premières à faire les frais des restrictions budgétaires.
« On a démontré qu’on savait se relever, innover et garder l’âme du projet social. Mais nous restons vigilants, car le contexte pour les associations reste très incertain », a conclu Christophe Catteau, déterminé à poursuivre le redressement, sans perdre ce qui fait l’ADN de La Fabrique : l’écoute, l’ouverture et la solidarité.
