Unis par la même volonté de valoriser la production artisanale du Grand Hainaut, neuf fabricants de boissons ont récemment créé le collectif des Malt’Fêteurs. Un projet sans statut juridique mais avec une ambition affirmée : renforcer la visibilité des produits locaux auprès des bars, restaurants et consommateurs.

Un collectif né d’une amitié et d’une envie commune
Pierre Pronnier et Nicolas Dubois, deux amis de longue date, ont décidé d’agir face à une difficulté partagée par de nombreux producteurs : la faible ouverture du marché local à leurs produits. Ensemble, ils ont racheté un terrain qu’ils ont aménagé avec des matériaux de récupération, marquant ainsi la première pierre de ce projet collectif.
Le collectif des Malt’Fêteurs réunit aujourd’hui plusieurs fabricants du Grand Hainaut, parmi lesquels la brasserie Au Baron, installée à Gussignies, et la limonaderie Les Bons Sodas, basée au Quesnoy. Leur objectif commun est de fédérer les forces locales pour mieux se faire connaître, notamment dans le Valenciennois, où la concurrence avec les grandes marques reste vive.
« Bien que présents sur le Grand Hainaut, on a constaté que le marché du Valenciennois avait du mal à s’ouvrir à nous », explique Pierre Pronnier. « L’idée, avec ce collectif, est d’aller démarcher les bars et restaurants pour leur proposer une offre locale. »
Une approche festive pour renforcer les liens
Les Malt’Fêteurs ne comptent pas uniquement sur les démarches commerciales classiques. Ils misent également sur une stratégie festive pour faire découvrir leurs produits. Leur premier grand rendez-vous est prévu pour le 7 juillet, lors du passage du Tour de France dans le Hainaut, où ils tiendront un stand commun.
L’idée est de multiplier les événements tout au long de l’année. Parmi les projets évoqués, l’organisation d’un festival des bières de Noël suscite déjà l’enthousiasme. Ces initiatives permettent non seulement de renforcer la notoriété des producteurs, mais aussi de tisser un réseau solide avec d’autres acteurs du territoire.
« Ce type d’actions nous permet d’établir un réseau et de nous faire mieux connaître », souligne Nicolas Dubois. « C’est un bon coup de pouce pour développer la vente directe et, en même temps, tout le monde passe un bon moment. »
Un contexte économique favorable au retour du local
La création des Malt’Fêteurs s’inscrit dans une tendance de fond. Selon une étude de l’Institut national de la consommation publiée début 2025, 72 % des Français affirment privilégier désormais les produits locaux lorsqu’ils en ont la possibilité. Cette appétence pour les circuits courts s’est renforcée à la suite des crises successives qui ont souligné l’importance de l’économie de proximité.
Le Grand Hainaut, riche d’un tissu artisanal dense mais souvent peu visible au-delà de ses frontières, représente un terrain idéal pour ce type d’initiatives. Les producteurs locaux, longtemps confrontés à une distribution dominée par les grands groupes, trouvent dans la constitution de collectifs un moyen d’accroître leur poids face aux acteurs traditionnels de la grande distribution.
Des perspectives à moyen terme
Si le collectif n’a pas encore adopté de structure juridique formelle, ses membres n’excluent pas de franchir ce cap dans un avenir proche, en fonction de l’ampleur prise par le mouvement. La création d’une association, voire d’une coopérative, est à l’étude pour professionnaliser leur action, mieux structurer les initiatives et accéder à certaines aides publiques.
D’ici là, les Malt’Fêteurs comptent sur l’effet réseau et la dynamique événementielle pour poursuivre leur développement. Le succès de leurs premières opérations sera déterminant pour envisager l’élargissement du collectif à d’autres producteurs et l’organisation d’événements de plus grande ampleur.
« Nous voulons que nos produits soient vus, goûtés, appréciés ici, chez nous », insiste Pierre Pronnier. « C’est aussi une manière de montrer que le Grand Hainaut a un savoir-faire unique, qui mérite toute sa place. »
Une dynamique inspirante pour d’autres territoires
Le modèle initié par les Malt’Fêteurs pourrait inspirer d’autres territoires ruraux ou semi-urbains confrontés aux mêmes défis. À travers l’union des forces, la mutualisation des moyens et la création d’événements conviviaux, les producteurs locaux trouvent une réponse concrète à la quête de visibilité et à la fidélisation d’une clientèle sensible aux valeurs de proximité.
À l’heure où l’ancrage territorial devient un enjeu économique et culturel majeur, les initiatives comme celle des Malt’Fêteurs montrent que la coopération locale peut devenir un levier puissant pour revitaliser les économies régionales.