Vingt-deux ans après la fermeture du site industriel, la pollution aux métaux lourds continue d’inquiéter. Trois élues du Nord, dont Marine Tondelier, demandent une action rapide des autorités.

Une pollution toujours bien présente
Vingt-deux ans après la fin de l’exploitation industrielle du site, les résultats des dernières analyses menées par Atmo Hauts-de-France entre juillet 2024 et janvier 2025 témoignent d’une situation préoccupante. Des concentrations significatives de métaux lourds ont été relevées dans l’air, les sols, et dans certains cas à proximité d’habitations et d’établissements scolaires.
Selon les mesures publiées, des niveaux de plomb supérieurs aux normes ont été observés dans le quartier de la résidence du Parc à Évin-Malmaison, à proximité d’une école primaire. Le cadmium et l’arsenic, également identifiés dans l’environnement immédiat, posent de sérieux risques pour la santé des habitants, notamment les plus jeunes.
« Ces résultats imposent une réaction forte et rapide. Nous ne pouvons plus ignorer les dangers auxquels sont exposées les populations riveraines, notamment les enfants », écrivent les trois élues dans leur courrier aux autorités.
Une demande d’action publique forte
Dans leur lettre, Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, et les deux eurodéputées nordistes, Marie Toussaint et Majdouline Sbai, réclament la mise en place d’un plan de dépistage ciblé, en particulier pour les enfants vivant ou étant scolarisés dans les zones les plus touchées. Elles demandent également une requalification des sols et un renforcement du suivi sanitaire des habitants.
« Le manque d’engagement de l’État sur ce dossier est incompréhensible. Il en va de la santé publique et du droit à vivre dans un environnement sain », insistent les élues.
Le courrier fait également état d’un besoin d’assainissement plus large dans les communes de Leforest, Courcelles-lès-Lens, Dourges et Évin-Malmaison, toutes concernées par la contamination issue de l’activité passée de Metaleurop.
Un passif environnemental lourd
L’usine Metaleurop, autrefois fleuron de la métallurgie régionale, a fermé ses portes en 2003 à la suite d’une liquidation judiciaire. Durant des décennies, le site a traité du plomb, du zinc et d’autres métaux, rejetant dans l’environnement des quantités considérables de substances toxiques.
La reconversion du site a souvent été évoquée, mais sans résultats probants. Une partie du terrain reste à ce jour non dépolluée, et des études indépendantes ont régulièrement mis en cause la lenteur des autorités à agir face à ce que certains considèrent comme un scandale sanitaire latent.
« On a laissé pourrir la situation pendant vingt ans. Aujourd’hui, les conséquences sont toujours visibles et mesurables », regrette un habitant d’Évin-Malmaison engagé dans une association locale.
Des données alarmantes confirmées
Atmo Hauts-de-France, organisme régional chargé de la surveillance de la qualité de l’air, confirme la présence de polluants persistants. Le dernier rapport, bien que technique, souligne « une concentration inhabituelle de métaux lourds par rapport à d’autres zones rurales de la région ».
En parallèle, les services de santé n’ont pas mené, à ce jour, d’études épidémiologiques précises sur les conséquences à long terme de cette exposition. Les habitantes et habitants concernés dénoncent une forme d’abandon silencieux.
Silence des autorités et attentes des riverains
Face à cette mobilisation politique, les réponses des autorités se font attendre. Le préfet du Pas-de-Calais, sollicité à plusieurs reprises, n’a pas encore réagi officiellement. Du côté du ministère de la Transition écologique, aucune déclaration n’a été faite depuis l’envoi du courrier.
Les habitantes et habitants de la zone concernée, quant à eux, espèrent que cette prise de parole publique marquera un tournant. Beaucoup dénoncent l’absence de réelle prise en charge de la pollution historique, malgré les alertes répétées depuis deux décennies.
« On vit avec ça tous les jours. Les sols sont contaminés, les potagers sont interdits, et nos enfants jouent sur des terrains qu’on nous dit ensuite impropres », déplore une mère de famille de Dourges.
Et maintenant ?
Les élues demandent à ce que le dossier Metaleurop soit requalifié comme prioritaire à l’échelle régionale et nationale. Des discussions sont en cours pour envisager un plan pluriannuel de dépollution, mais rien n’a encore été officiellement annoncé.
Dans un contexte où la justice environnementale devient un enjeu politique croissant, ce dossier pourrait, selon certains observateurs, devenir emblématique des manquements en matière de suivi post-industriel. Reste à savoir si l’État choisira de réagir face à ce nouvel appel.
En attendant, les trois élues comptent porter le sujet au niveau européen, notamment en s’appuyant sur les dispositifs de responsabilité environnementale prévus par le droit communautaire.