Couronnés et colorés, les cœurs de M. Koeur ont pris leur envol depuis les murs de Tournai pour se faire une place dans l’univers du design, de la mode et de l’art contemporain. L’artiste lillois, désormais reconnu, enchaîne les collaborations et s’installe durablement dans le paysage artistique régional et national.
C’est dans un moment de remise en question personnelle que Sylvain, alias M. Koeur, a trouvé son identité artistique. Ancien professionnel du commerce, il décide en 2020 de se consacrer pleinement à une forme d’expression qui lui échappait jusqu’alors : la peinture urbaine.
« Ce dont j’avais le plus besoin à ce moment-là… J’étais quelqu’un de très rationnel et je cherchais à remettre le cœur en avant, c’est pour ça que mes cœurs sont couronnés »
Né sur le mur d’expression libre de Tournai, son personnage de cœur surmonté d’une couronne devient rapidement sa signature. Avec des lignes simples et un message fort, M. Koeur insuffle une dimension émotionnelle à un univers urbain souvent perçu comme brut.
De l’art mural aux objets du quotidien
En quelques années, les créations de M. Koeur ont quitté les murs pour investir les objets les plus ordinaires. Une de ses premières grandes collaborations médiatisées a été celle avec la marque Bic. Briquets, stylos quatre couleurs, trousses : tous arborent aujourd’hui ses emblématiques cœurs.
« Une nouvelle collection est en cours ! Il y aura cette fois un QR code sur chaque produit qui racontera mon histoire et celle de la collab »
Ce lien entre art et produit de grande consommation, loin d’appauvrir sa démarche, semble l’enrichir. M. Koeur se veut pédagogue, désireux d’expliquer sa démarche, de raconter l’origine de ses œuvres, même sur un objet de poche.
Un street artiste qui s’ancre dans le tissu économique local
Si les marques internationales l’approchent, c’est aussi dans sa région que M. Koeur multiplie les projets. Il vient de conclure un partenariat avec une concession automobile située à Méteren. Objectif : exposer ses œuvres dans un cadre inattendu et, peut-être, customiser un véhicule.
« Je vais exposer des toiles mais la question se pose aussi de customiser une voiture. Ce n’est pas le même prix ! »
L’artiste, attaché aux rencontres humaines derrière chaque collaboration, évoque aussi un projet de baby-foot pour la marque nordiste Stella. L’idée de faire circuler ses créations dans différents contextes sociaux et économiques semble guider sa démarche.
« Ce qui serait fou, c’est que le baby-foot finisse dans la concession automobile. J’ai envie qu’il y ait une histoire, un lien fort entre mes œuvres »
Textile, réseaux sociaux et territoires d’inspiration
Toujours en quête de nouveaux supports, M. Koeur fait son entrée dans la mode. Il a récemment rencontré Lucie et Adrien, jeunes fondateurs d’Ancré Studio, marque de vêtements streetwear implantée dans la métropole lilloise. Séduit par leur professionnalisme, il se lance dans une première ligne de sweats, tee-shirts et casquettes.
« Ils sont très professionnels. On m’avait déjà demandé mais moi, je n’y connais rien en textile »
Cette diversification marque une nouvelle étape dans la carrière de l’artiste, qui ne se fixe aucune limite quant aux supports de ses œuvres, tant que la collaboration reste humaine et sincère.
Un autre projet plus inattendu est en gestation : une invitation sur l’île de Koeur, en Bretagne, qui pourrait bien devenir le théâtre d’une future résidence artistique.
« Le propriétaire m’a invité à venir y passer quelques jours. Si j’y trouve l’inspiration, cela pourrait devenir une belle aventure pleine de cœurs »
Une ascension discrète mais régulière
Le parcours de M. Koeur s’inscrit dans une dynamique plus large d’appropriation artistique des espaces publics par des créateurs contemporains. Son travail, à la frontière de l’art et du design, rencontre une adhésion croissante tant auprès du grand public que des professionnels.
Aujourd’hui, il expose ses toiles dans des lieux parfois inattendus, comme le golf de Brigode à Villeneuve-d’Ascq, et prépare plusieurs nouvelles collaborations qui devraient voir le jour dans les mois à venir.
Une communauté fidèle et active
Très actif sur Instagram, où il partage ses créations, ses inspirations et ses coulisses, M. Koeur rassemble une communauté engagée. Il y dévoile en avant-première ses projets, ses expositions, ses collections, et utilise la plateforme pour rester en lien direct avec ses soutiens.
Ses pages officielles — @m.koeur et son site mkoeur.com — permettent de suivre l’évolution d’un artiste qui, en quelques années seulement, a transformé un geste intime en aventure collective. Un parcours qui illustre parfaitement comment le street art, longtemps marginal, peut aujourd’hui fédérer bien au-delà de son public d’origine.
