Le président ukrainien multiplie les appels en faveur d’un sommet bilatéral, qu’il juge indispensable pour avancer vers une paix durable. Moscou, de son côté, dénonce une stratégie de pression et rejette l’idée d’un tel rendez-vous à court terme.

Un appel réitéré depuis Ottawa

En déplacement au Canada, Volodymyr Zelensky a réaffirmé que seule une rencontre avec Vladimir Poutine permettrait de sortir de l’impasse. Après un entretien avec le Premier ministre canadien Mark Carney, il a souligné que le dialogue entre dirigeants restait le levier le plus efficace.

« Nous devons continuer à faire pression sur la Russie pour qu’elle mette fin à cette guerre, pour qu’elle y mette fin dans la dignité, avec une sécurité et une paix garanties. Le format des pourparlers entre dirigeants est le moyen le plus efficace d’aller de l’avant », a déclaré le président ukrainien.

Cet appel survient alors que plusieurs initiatives diplomatiques internationales ont échoué à instaurer un processus de négociations stables. La Russie a, vendredi dernier, écarté toute perspective immédiate de sommet, jugeant les demandes de Kiev irréalistes.

La réaction de Moscou

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dénoncé l’attitude de Kiev, accusant Zelensky de « s’entêter » et de vouloir imposer ses conditions. Selon lui, la Russie ne cédera pas à ce qu’il qualifie de stratégie de communication visant à montrer l’Ukraine comme partie prête au dialogue alors que, selon Moscou, les conditions proposées restent inacceptables.

Parallèlement, la Russie tente de maintenir le soutien tacite de ses partenaires internationaux. Le président Vladimir Poutine s’est récemment entretenu avec Donald Trump en Alaska, une rencontre qui a suscité de nombreuses réactions, notamment du côté de l’Ukraine et de ses alliés européens.

Les États-Unis au cœur des tractations

Les efforts de médiation menés par les États-Unis se trouvent aujourd’hui au centre des dynamiques diplomatiques. Washington cherche à mettre fin à un conflit qui dure depuis plus de trois ans et qui continue de peser lourdement sur la stabilité européenne et mondiale.

Le vice-président américain JD Vance a estimé que la Russie avait « consenti d’importantes concessions » lors de ses discussions avec l’administration Trump. Cette lecture reste toutefois contestée par Kiev, qui redoute une négociation bilatérale entre Washington et Moscou se faisant à son détriment.

Soutien affiché du Canada

Mark Carney, Premier ministre canadien, a réaffirmé la position de son pays : le respect de la souveraineté de l’Ukraine doit demeurer non négociable.

« Ce n’est pas à la Russie de décider comment garantir la souveraineté, l’indépendance et la liberté de l’Ukraine à l’avenir. C’est le choix de l’Ukraine et les décisions des partenaires », a-t-il insisté.

Le Canada s’est fortement impliqué dans l’aide humanitaire et militaire à l’Ukraine depuis le début de l’invasion, en février 2022. Ottawa participe également à l’accueil de réfugiés et soutient les initiatives de reconstruction.

Nouveaux développements militaires

Sur le terrain, l’armée ukrainienne revendique la reprise de trois villages dans la région de Donetsk, zones stratégiques tombées aux mains de la Russie ces derniers mois. Oleksandre Syrsky, commandant en chef des forces armées, a assuré que ces succès témoignaient de la résilience de ses troupes.

En parallèle, les forces ukrainiennes ont signalé une nouvelle vague d’attaques russes : 72 drones Shahed, accompagnés de leurres et d’un missile balistique, auraient été lancés par Moscou. La défense antiaérienne ukrainienne affirme en avoir intercepté une grande partie, mais des dégâts matériels sont rapportés.

Journée de l’Indépendance marquée par des échanges de prisonniers

À l’occasion de la Journée de l’Indépendance, Kiev et Moscou ont annoncé un nouvel échange de prisonniers. Chacune des parties a renvoyé 146 personnes, mêlant militaires et civils. Ces libérations réciproques restent l’un des rares terrains de coopération encore actifs entre les deux pays.

Ces opérations, menées sous la supervision d’organismes internationaux, offrent un rare moment de répit aux familles, mais ne masquent pas l’absence de perspectives politiques concrètes.

Des frappes ukrainiennes en territoire russe

Dans la nuit de samedi à dimanche, l’Ukraine a lancé plusieurs attaques de drones sur des infrastructures en Russie. Les autorités ukrainiennes affirment avoir provoqué des incendies sur un site nucléaire et dans un terminal pétrolier, ainsi qu’endommager la raffinerie de Syzran, dans la région de Samara.

« Voici comment l’Ukraine réagit lorsque ses appels à la paix sont ignorés », a commenté Volodymyr Zelensky, liant ces actions militaires à l’absence de progrès diplomatiques.

Ces frappes s’ajoutent à une série d’opérations menées au-delà de la frontière depuis le début de l’année, illustrant la stratégie de Kiev visant à étendre le champ de bataille pour accroître la pression sur Moscou.

Une paix encore lointaine

Si l’idée d’un sommet Zelensky-Poutine reste régulièrement évoquée, les conditions pour sa tenue apparaissent plus éloignées que jamais. La Russie refuse toute rencontre sans concessions préalables, tandis que l’Ukraine affirme qu’aucune négociation ne peut se faire au détriment de son intégrité territoriale.

Les alliés occidentaux, eux, s’efforcent de maintenir un front uni, entre soutien militaire, pressions économiques et initiatives diplomatiques. Mais sur le terrain, la guerre continue de s’intensifier, rendant incertaine toute perspective de résolution rapide.