Entre hausse du coût de la vie et manque de ressources, de plus en plus d’étudiants du Nord–Pas-de-Calais peinent à couvrir leurs dépenses. Les associations multiplient les initiatives pour répondre à l’urgence sociale.

Un quotidien rythmé par les calculs budgétaires
À l’approche de la rentrée universitaire, les quelque 200 000 étudiants du Nord et du Pas-de-Calais se préparent à reprendre le chemin des amphithéâtres. Mais pour une partie d’entre eux, la préoccupation principale ne réside pas dans les cours ou les examens à venir : c’est l’équilibre du budget qui occupe tous les esprits.
Clémence et Tom, étudiants en Master à Lille, en témoignent. Résidents au Crous Pont-de-Bois, ils ajustent leur quotidien pour éviter toute dépense superflue.
« Heureusement, je suis boursière et j’ai travaillé tout l’été. Je suis chanceuse de ne pas avoir à chercher un boulot. Et nous faisons très attention à notre budget, avec peu de sorties », confie Clémence.
L’entraide entre résidents permet parfois d’alléger la facture. « On se prête des affaires, on récupère des objets, on se dépanne pour le sucre ou la farine », ajoute-t-elle.
Travailler pour étudier
Pour beaucoup d’étudiants, un emploi à temps partiel devient indispensable. C’est le cas de Massy, inscrit en Master 2 Ingénierie industrielle, qui consacre ses week-ends à un poste dans la vente.
« Si je ne travaille pas, je suis sans ressources. C’est vraiment nécessaire pour vivre », explique-t-il.
Le jeune homme est également bénévole au sein de l’association Cop1, qui distribue des paniers repas aux étudiants. Son engagement lui permet de constater, semaine après semaine, l’ampleur de la précarité.
« En deux ans, la situation s’est vraiment dégradée. L’année dernière, on mettait en ligne plus de 200 paniers le dimanche soir à 18 h 30 : en moins de 5 minutes, ils étaient tous réservés », décrit-il.
Un coût de la vie en hausse constante
La réalité décrite par Massy trouve écho dans les chiffres publiés par l’UNEF. Le syndicat étudiant a présenté, le 14 août dernier, son classement annuel des villes universitaires. Lille y figure à la 19ᵉ place des villes les plus chères de France.
Selon l’organisation, le coût de la vie étudiante dans la capitale des Flandres a augmenté de près de 4 % en 2025. Sur une période plus longue, la hausse atteint 30 % depuis 2017.
« Les loyers, les transports, les frais d’inscriptions, tout augmente. La précarité devient la normalité pour les étudiants », observe Anaïs Gourgand, représentante lilloise de l’UNEF.
Associations en première ligne
Face à ces difficultés, les associations locales jouent un rôle central. Cop1, mais aussi les Restos du Cœur, la Croix-Rouge ou des initiatives étudiantes solidaires organisent des distributions alimentaires régulières.
Des centaines de paniers sont remis chaque semaine, composés de denrées de base mais aussi de produits frais, souvent grâce à des partenariats avec des producteurs ou des commerces locaux. Ces dispositifs se doublent parfois de services d’accompagnement social et d’écoute, pour orienter les jeunes vers des solutions plus pérennes.
Entre résilience et inquiétudes
Si certains étudiants parviennent à maintenir un fragile équilibre grâce aux bourses, à un emploi ou à l’entraide, d’autres s’inquiètent de devoir faire des choix entre étudier et subvenir à leurs besoins essentiels.
La rentrée 2025 s’annonce donc contrastée : derrière les retrouvailles et les cours qui reprennent, de nombreux jeunes affrontent une réalité marquée par la hausse des prix et la nécessité d’adapter en permanence leurs modes de vie.