Découverte bouleversante à Pecq, en Belgique : une passante trouve un bébé abandonné au bord de l’eau. Les autorités lancent un appel à la mère.
Un bébé a été découvert samedi dernier en bordure du canal de l’Escaut, à Pecq, en Belgique, tout près de la frontière française. Ce drame humain soulève de nombreuses interrogations sur les circonstances de cet abandon et sur la situation de la mère. Une enquête est en cours.

Un geste désespéré en bordure de canal
C’est en fin d’après-midi, samedi dernier, qu’une promeneuse a alerté les secours après avoir trouvé un nourrisson emmailloté dans une couverture, au bord du canal de l’Escaut et de l’Espierre. Le secteur, situé entre Pecq et Leers-Nord, est connu des marcheurs et cyclistes, souvent fréquenté lors des week-ends printaniers.
Le bébé, une petite fille, était vivant. Rapidement pris en charge par les secours belges, son état de santé n’a pas été jugé critique, selon les premiers éléments communiqués par les autorités. La fillette a été hospitalisée en urgence au centre hospitalier de Tournai, où elle se trouve toujours.
Une prise de parole émotive du bourgmestre
L’affaire a été rendue publique mardi soir à travers un message publié sur les réseaux sociaux par le bourgmestre de Pecq, Aurélien Brabant. Très ému par les circonstances, l’élu a rencontré l’enfant ce même jour. Le nourrisson a reçu le prénom provisoire de Lucie.
« Si, quelque part, ta maman nous lit, je voudrais lui adresser ces mots. Je l’invite, si elle en trouve la force, à se manifester auprès des autorités. Qu’elle sache qu’il n’est jamais trop tard. Que des personnes seront là pour la recevoir, pour l’écouter, loin de tout jugement, dans le seul respect de son histoire et de sa douleur. »
— Aurélien Brabant, bourgmestre de Pecq
Cette déclaration, largement relayée, a suscité de nombreuses réactions d’internautes et de résidents, touchés par la situation et la dignité de l’appel lancé à la mère.
Enquête en cours et mobilisation sociale
Une enquête judiciaire a été ouverte par le parquet de Tournai pour tenter d’identifier les parents du bébé. La police a effectué des recherches dans les environs du canal, notamment à l’aide de chiens pisteurs, sans que des indices probants aient été communiqués à ce stade.
Le parquet privilégie pour l’instant la piste d’un abandon volontaire, dans des circonstances qui pourraient être liées à une situation de détresse psychologique ou sociale. Aucune caméra de surveillance ne couvre la zone exacte où le nourrisson a été retrouvé, compliquant les investigations.
La commune de Pecq a également annoncé la mise en place d’un dispositif d’écoute psychologique pour les habitants choqués par cette découverte.
Le cadre légal en Belgique
L’abandon d’enfants est un phénomène rare mais non inexistant. En Belgique, aucune législation n’encadre explicitement les accouchements sous anonymat, contrairement à d’autres pays comme la France. Cependant, des alternatives existent, notamment les « boîtes à bébés », dispositifs sécurisés installés dans certaines communes flamandes permettant à une mère de confier son enfant anonymement et sans danger. À ce jour, Pecq ne dispose pas d’un tel dispositif.
D’après les données de l’Institut pour l’Égalité des Femmes et des Hommes, environ 4 à 5 cas d’abandons de nourrissons sont recensés chaque année dans le pays. La majorité sont le fait de mères isolées, souvent très jeunes, confrontées à des situations de précarité extrême ou de rejet familial.
Une émotion partagée de part et d’autre de la frontière
La proximité immédiate avec la frontière française – la commune de Leers n’est qu’à quelques kilomètres – a élargi l’émotion suscitée par l’affaire. Des messages de soutien affluent également depuis le versant français, où plusieurs élus locaux ont réagi, appelant à la solidarité.
« Cette situation dramatique nous rappelle qu’aucune société n’est à l’abri de la misère silencieuse. Il nous faut renforcer les ponts entre services sociaux des deux côtés de la frontière. »
— Un élu du secteur transfrontalier, sous couvert d’anonymat
Et maintenant ? Le devenir de l’enfant confié à l’aide à la jeunesse
Conformément aux procédures en vigueur, l’enfant a été confié temporairement aux services de l’Aide à la jeunesse. Un tuteur a été désigné, et les autorités judiciaires statueront dans les prochaines semaines sur la suite à donner à sa prise en charge : placement en famille d’accueil, adoption, ou éventuelle restitution à la famille si les parents sont retrouvés et reconnus aptes à assumer leur rôle.
L’abandon de Lucie pose de nombreuses questions : comment une telle situation a-t-elle pu survenir ? Quelles failles sociales ou psychologiques ont conduit à ce geste ? Et surtout, comment prévenir de tels actes à l’avenir, dans un cadre légal encore lacunaire sur ces questions sensibles ?
Un appel à la compassion plutôt qu’au jugement
Au-delà des procédures judiciaires et des interrogations légitimes, l’affaire de Pecq suscite un débat de fond sur les moyens d’offrir une alternative digne aux mères en détresse. Le message du bourgmestre, empreint d’humanité, a mis en lumière une réalité rarement visible : celle de femmes confrontées à des choix impossibles.
Le parquet n’a pour l’heure communiqué aucune information sur d’éventuelles pistes d’identification de la mère. L’appel lancé reste donc, à ce jour, sans réponse.
Un fait divers qui appelle à la vigilance collective
Cette découverte bouleverse et interroge. Elle rappelle que, malgré les dispositifs de protection de l’enfance et l’existence d’aides sociales, des situations de solitude extrême peuvent encore conduire à des gestes aussi irréversibles qu’abandonner un nouveau-né.
Les autorités locales et nationales appellent à la vigilance, à la bienveillance, et à la mobilisation collective, pour que de tels faits ne restent pas sans suite ni enseignement.