Lors de ses premières sorties publiques à l’automne 2019, le Dragon de Calais, conçu par la compagnie nantaise La Machine, avait suscité autant de curiosité que d’interrogations. Fruit d’un investissement public ambitieux – 5,5 millions d’euros pour la créature seule – le projet avait pour objectif affiché de redynamiser l’image de la ville et de structurer une offre touristique pérenne.

Mais dès mars 2020, à peine trois mois après ses premiers pas sur la digue récemment réaménagée, le confinement lié à la pandémie de Covid-19 a mis un frein brutal à son développement. L’arrêt forcé des activités, combiné à des aléas techniques inévitables pour un prototype de cette envergure, a temporairement éclipsé les promesses du projet.

« Il y a eu des périodes compliquées au démarrage, mais ce type de machine demande une phase de rodage. Aujourd’hui, le Dragon fonctionne quotidiennement et sans incident majeur », note un technicien de la Compagnie du Dragon.

Un regain dès la réouverture

La véritable relance du Dragon a coïncidé avec l’inauguration officielle de la nouvelle digue de Calais en juillet 2021. L’événement a rassemblé près de 10 000 personnes venues assister à la parade de la créature géante, haute de 12 mètres et longue de 25. Un signal fort pour la ville, qui voyait dans ce projet une vitrine de sa reconversion post-industrielle.

Depuis, la fréquentation ne faiblit pas. L’année 2022, première année complète sans restriction sanitaire, a enregistré des chiffres encourageants : plus de 160 000 billets vendus, selon les données fournies par la Compagnie du Dragon.

« On doit parfois refuser du monde, notamment pendant les vacances scolaires. Les réservations en ligne sont devenues quasi indispensables », souligne une agente d’accueil sur le site.

Des retombées économiques mesurées

Au-delà de la fréquentation, c’est l’impact sur l’économie locale qui intéresse désormais les décideurs publics. Une étude confiée à la Chambre de commerce et d’industrie Côte d’Opale a tenté d’en mesurer les retombées. En 2022, le Dragon aurait ainsi généré 15,2 millions d’euros de chiffre d’affaires indirect dans l’agglomération calaisienne, à travers les secteurs de l’hôtellerie, de la restauration, du commerce et des transports.

« Ce type d’attraction agit comme un catalyseur : il attire, mais il donne aussi une raison de rester plus longtemps dans la ville, de consommer, de découvrir d’autres activités », analyse un représentant de la CCI.

Des chiffres qui confirment les espoirs de la municipalité, qui avait misé sur un modèle économique basé non sur la rentabilité immédiate du Dragon, mais sur les bénéfices diffus qu’il pouvait générer pour l’ensemble du territoire.

Une stratégie à long terme

L’ambition ne s’arrête pas au Dragon. La municipalité a engagé, via sa société publique locale, un programme plus large baptisé Compagnie du Dragon. Celui-ci comprend également le Varan – une autre créature mécanique attendue prochainement – et la création de plusieurs iguanes mécaniques destinés à animer l’espace public de façon plus régulière.

Le coût total du projet global s’élève à 24,5 millions d’euros toutes taxes comprises, largement soutenu par des subventions publiques, dont l’État, la Région Hauts-de-France et la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC). À titre de comparaison, le Varan, actuellement en cours de construction, représente à lui seul un investissement de 4,2 millions d’euros.

« Ce projet s’inscrit dans une logique de transformation de l’image de Calais. Il ne s’agit pas seulement d’un objet culturel spectaculaire, mais d’un outil d’aménagement du territoire et d’attractivité », affirme un élu en charge du tourisme.

Un positionnement original dans le paysage touristique français

En misant sur un univers original mêlant art mécanique, spectacle vivant et urbanisme, Calais s’est positionnée en marge des offres culturelles classiques. Inspirée par l’exemple nantais des Machines de l’île, la ville a su adapter le concept à sa propre géographie et à ses enjeux.

Le Dragon, qui effectue plusieurs déambulations par jour sur un parcours de 800 mètres entre la plage et le port, propose également une montée à son bord pour une expérience immersive. Chaque déplacement, opéré par une dizaine de machinistes, attire un public familial et international.

Cette singularité fait aujourd’hui du Dragon une curiosité identifiée dans les guides touristiques et sur les plateformes de voyage. Les avis en ligne, globalement très positifs, saluent l’aspect spectaculaire de la créature, mais aussi la transformation visible de l’espace urbain qu’elle anime.

Un avenir à structurer

Si les résultats semblent au rendez-vous, plusieurs défis restent à relever pour pérenniser le modèle. L’équilibre financier de la Compagnie du Dragon repose sur des recettes de billetterie et de prestations, mais aussi sur des subventions qui ne sont pas toutes garanties dans le temps. Par ailleurs, la maintenance de ces machines complexes représente un coût important à anticiper.

« Il faudra veiller à ce que le projet garde son attractivité dans la durée, et ne repose pas uniquement sur l’effet de nouveauté », avertit un expert en développement culturel.

La diversification de l’offre, avec l’arrivée du Varan et des iguanes, pourrait offrir de nouvelles perspectives de développement. Des partenariats avec des institutions culturelles, des écoles ou des événements ponctuels sont également envisagés pour ancrer plus encore le projet dans la vie locale.

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