Alors que Donald Trump multiplie les déclarations et les soutiens en faveur de sa candidature, la question se pose : comment est réellement choisi le lauréat du prix Nobel de la Paix ? Derrière le prestige du prix, une procédure rigoureuse encadrée par le testament d’Alfred Nobel et une longue tradition institutionnelle.

Qui peut proposer un candidat ?
Le prix Nobel de la Paix, créé en 1901, n’est pas accessible à toute proposition. Seules certaines catégories de personnalités peuvent suggérer des noms :
- des élus et gouvernants nationaux,
- des membres de tribunaux, d’organisations ou d’institutions internationales,
- des recteurs et enseignants universitaires,
- des chercheurs spécialisés en relations internationales,
- d’anciens lauréats,
- les membres et anciens conseillers du comité Nobel.
Deux règles sont immuables : il est impossible de proposer sa propre candidature et les personnalités décédées ne peuvent être retenues.
« Ce système vise à éviter les candidatures fantaisistes et à garantir que les propositions émanent d’autorités reconnues », rappelle l’institution.
Pas de liste publique des nommés
Les personnes habilitées à déposer un nom peuvent choisir de l’annoncer publiquement, mais rien ne les y oblige. Ainsi, contrairement à d’autres prix, la liste des candidats n’est jamais rendue publique par l’institution. Il est donc impossible de connaître officiellement les personnalités retenues, même si certaines fuites apparaissent chaque année.
Il n’existe par ailleurs aucun mécanisme permettant d’écarter un candidat proposé, aussi controversé soit-il. Une fois le nom soumis, il est étudié comme les autres.
Les critères fixés par Alfred Nobel
Dans son testament, Alfred Nobel avait précisé que le prix devait revenir à la personnalité « qui aura fait le plus ou le meilleur travail pour la fraternité entre les nations, pour l’abolition ou la réduction des armées permanentes et pour la tenue et la promotion des congrès de paix ».
Avec le temps, le comité Nobel a élargi son champ d’appréciation aux actions concrètes en faveur des droits humains, à la résolution pacifique de conflits et à l’impact durable des initiatives engagées.
Ces critères, parfois jugés souples, permettent au comité d’évaluer des démarches variées, allant de la médiation diplomatique aux efforts humanitaires.
Le rôle du comité Nobel norvégien
Le prix Nobel de la Paix est le seul Nobel décerné à Oslo, et non à Stockholm. Il est attribué par le comité Nobel norvégien, composé de cinq membres élus par le parlement norvégien.
Le processus suit plusieurs étapes :
- Constitution d’une liste initiale, qui compte en moyenne plus de 300 noms chaque année.
- Réduction de cette liste à quelques dizaines de candidats.
- Analyse approfondie par des experts mandatés, qui rédigent des rapports détaillés.
- Débats et délibérations entre les membres du comité.
- Vote final au mois d’octobre et annonce publique du lauréat.
La remise du prix a lieu chaque 10 décembre, jour anniversaire de la mort d’Alfred Nobel, lors d’une cérémonie officielle à Oslo.
Le cas Trump : possible, mais loin d’être acquis
Donald Trump a fait savoir qu’il espérait obtenir le prix, mettant en avant certains accords diplomatiques conclus durant son mandat, notamment les accords d’Abraham au Moyen-Orient.
Cependant, l’examen des candidatures repose avant tout sur l’impact durable et mesurable des actions entreprises. Or, le comité Nobel insiste régulièrement sur la nécessité de résultats concrets en matière de paix et de coopération internationale.
« Le comité est censé privilégier des résultats concrets et pérennes », rappellent les observateurs du processus.
Une récompense contestée mais influente
Au fil des années, le Nobel de la Paix a suscité débats et polémiques. L’attribution du prix à Barack Obama en 2009, au tout début de son mandat présidentiel, avait déjà provoqué de vives réactions. D’autres choix, comme celui de l’Union européenne en 2012, ont également divisé.
Malgré ces critiques, le prix reste l’une des distinctions les plus reconnues au monde, associée à un prestige symbolique et à une visibilité internationale sans équivalent.
Une attente jusqu’en octobre
Le nom du prochain lauréat sera connu en octobre. D’ici là, les spéculations vont se poursuivre, alimentées par les annonces de candidatures rendues publiques et par le contexte géopolitique international.
Si Donald Trump figure bien sur la liste des nominés, sa sélection finale dépendra d’un équilibre délicat entre l’héritage de son action diplomatique, la perception de son impact sur la paix mondiale et la volonté du comité Nobel de s’inscrire dans la continuité de son rôle : récompenser des efforts tangibles en faveur d’un monde plus pacifique.