Nés pour amuser les foules, les clowns se sont imposés sur grand écran comme l’un des archétypes les plus effrayants du cinéma d’horreur. Entre rires forcés, maquillages inquiétants et souvenirs d’enfance, leur figure continue d’alimenter les cauchemars.

Du rire à l’effroi
Le clown, figure universelle du cirque et du divertissement populaire, est à l’origine conçu pour provoquer le rire. Ses mimiques exagérées, son costume bigarré et son nez rouge en ont fait pendant des décennies l’ami des enfants. Mais très tôt, certains spectateurs ont ressenti l’inverse : malaise, angoisse, voire véritable terreur.
Peau blafarde, maquillage outrancier, sourire figé… Autant d’éléments qui brouillent la frontière entre l’humain et le masque. Le psychisme en est parfois perturbé, au point que la peur des clowns a été médicalement identifiée : la coulrophobie, définie comme une crainte irrationnelle et excessive.
Une figure récurrente du cinéma d’horreur
Le cinéma s’est emparé de cette ambiguïté dès les années 1980. Le clown, censé incarner l’innocence, est progressivement devenu l’incarnation de la menace cachée sous le masque. Aujourd’hui, il est l’un des personnages les plus redoutés du cinéma d’horreur.
Dans La Nuit des clowns, sorti récemment, la créature Frendo, mascotte d’une petite ville américaine, se transforme en cauchemar vivant. Ce personnage, célébré chaque été lors d’un festival, est au centre d’une série de disparitions sanglantes. L’interdiction du film aux moins de 12 ans reflète la volonté des producteurs de cibler un public adolescent, friand de frissons.
À l’autre extrême, Terrifier 3 (2024) pousse le curseur beaucoup plus loin. Interdit aux moins de 18 ans en France – une rareté pour un film d’horreur – le long-métrage met en scène Art the Clown dans une débauche d’hémoglobine et de violence graphique. Un spectacle extrême qui confirme la fascination morbide du cinéma pour ce personnage aux traits caricaturaux.
Pennywise, le clown le plus célèbre du monde
Impossible d’évoquer la peur des clowns sans citer Pennywise, le monstre imaginé par Stephen King dans son roman Ça (1986). Adapté à plusieurs reprises à la télévision et au cinéma, ce personnage terrifiant se cache derrière un déguisement de clown pour attirer les enfants avant de les dévorer.
Le succès du film Ça (2017), réalisé par Andy Muschietti, illustre la puissance de cette figure. Devenu le film d’horreur le plus rentable de l’histoire avec plus de 700 millions de dollars de recettes mondiales, il a confirmé que le clown maléfique demeure l’un des ressorts les plus efficaces du cinéma de genre.
« Pennywise a transformé le clown en icône de l’horreur moderne. Là où il devait incarner la fête, il est devenu synonyme de peur universelle », souligne un critique de cinéma spécialisé dans le fantastique.
Une peur enracinée dans l’enfance
Pourquoi ces personnages marquent-ils autant les esprits ? Les psychologues avancent plusieurs explications. L’enfance, période où les clowns sont censés divertir, constitue un terrain fertile pour développer des traumatismes durables. L’écart entre le rire attendu et l’angoisse ressentie est si fort qu’il peut se transformer en phobie.
De plus, les traits forcés – yeux immenses, sourire peint, nez disproportionné – rappellent certains archétypes monstrueux. Le maquillage agit comme un masque qui cache l’émotion réelle, et l’inconscient l’interprète comme une menace.
Entre fascination et rejet
Le clown terrifiant continue donc de séduire le cinéma contemporain. Qu’il soit gore, ironique ou psychologique, il s’impose comme un catalyseur de peur, oscillant entre caricature grotesque et menace tapie dans l’ombre.
Les spectateurs, eux, restent partagés : certains voient dans ces films un pur divertissement cathartique, quand d’autres avouent ne plus jamais pouvoir croiser un clown sans ressentir un frisson glacé.
Une certitude demeure : le cinéma d’horreur n’a pas fini d’exploiter cette figure paradoxale, née pour faire rire… et devenue l’un des visages les plus redoutés de la peur moderne.