Vendredi soir, le corps de Manon, mère de deux enfants, a été retrouvé sans vie à son domicile de Bruay-sur-l’Escaut. Son conjoint a été interpellé sur place. Depuis, une vague de tristesse et de colère submerge la commune.
Un drame intime devenu affaire publique
Il est un peu plus de 20 heures, vendredi, lorsque les forces de l’ordre pénètrent dans une maison modeste de Bruay-sur-l’Escaut, dans le Valenciennois. À l’intérieur, le corps sans vie de Manon, 29 ans, porte les traces de plusieurs coups de couteau. La scène est insoutenable. Sur place, son époux, âgé de 31 ans, est interpellé sans résistance. Il est immédiatement placé en garde à vue.
L’alerte avait été donnée un peu plus tôt par des proches de la victime, inquiets de ne plus avoir de nouvelles. Le parquet de Valenciennes a confirmé dès samedi matin l’ouverture d’une enquête pour homicide volontaire par conjoint. À ce stade, aucune autre information n’a été rendue publique, si ce n’est que l’enquête est toujours en cours.
Une mère de famille discrète, arrachée à la vie
Manon était mère de deux enfants : un adolescent de 19 ans et un nourrisson de seulement 4 mois. Son décès brutal plonge dans le deuil une famille et tout un quartier. Ses proches la décrivent comme “la simplicité incarnée”, “discrète, douce, aimante”.
« Elle aimait être entourée des personnes qu’elle chérissait », écrit une proche, dans un message partagé avec émotion sur les réseaux.
Dans la foulée du drame, une cagnotte en ligne a été lancée, à l’initiative de ses amis et de ses proches. En quelques heures, elle a déjà dépassé les 2 000 euros, une somme destinée à soutenir la famille dans cette épreuve, notamment pour les obsèques et la construction d’une pierre tombale.
Une commune une nouvelle fois bouleversée
La tragédie n’est pas un fait isolé dans la ville. Moins d’un an plus tôt, Zahia, mère de quatre enfants, était elle aussi victime d’un meurtre dans un autre quartier de Bruay-sur-l’Escaut.
« Personne ne devrait mourir à 29 ans », souffle Marie-Christine, croisée hier à la station essence du Super U. Cette habitante, qui ne connaissait pas Manon, dit avoir été bouleversée en apprenant la nouvelle. « Je pense à ses deux petits loulous. À sa famille. Comment se remet-on d’un tel drame ? »
Dans les rues de la commune, l’émotion est palpable. Au PMU, sur la place du village, le nom de Manon est sur toutes les lèvres. Un homme, visiblement secoué, raconte :
« Ma fille a le même âge qu’elle. Elle se souvient d’une maman gentille, discrète. Moi, je n’ai pas les mots. »
Par solidarité, ce père a tenu à participer à la cagnotte. Sa fille, elle, a déposé une rose devant le domicile de Manon, où les scellés de justice sont toujours visibles. D’autres fleurs commencent à s’aligner, témoignages silencieux de la douleur collective.
Un numéro d’écoute pour les victimes de violences
Ce drame rappelle tragiquement l’ampleur des violences conjugales en France. En 2023, 118 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.
Le 3919 reste le numéro national d’écoute, anonyme et gratuit, destiné aux femmes victimes de violences conjugales, et à leur entourage. Accessible 24h/24, il permet de parler, se renseigner, et être orienté vers des structures d’aide.
