Après vingt ans d’existence et une implantation durable dans le paysage culturel régional, le Name Festival marque une pause en 2025. L’équipe d’Art Point M, menée par Fanny Bouyagui, réfléchit à une nouvelle formule pour relancer l’événement en 2026. Un tournant stratégique pour un rendez-vous qui a marqué la scène électro en Hauts-de-France.

Le poids de l’histoire et des lieux
Né en 2005 au Tripostal de Lille, le Name Festival s’est rapidement imposé comme un rendez-vous majeur pour les amateurs de musiques électroniques. La première édition, marquée par la présence de l’artiste allemande Ellen Allien, avait donné le ton : exigence artistique, ouverture au public et ancrage urbain.
Au fil des ans, le festival a investi des sites emblématiques de la métropole : le MIN de Lomme, la Tossée à Roubaix dans son décor d’usine désaffectée, le port de plaisance d’Halluin, et surtout la Condition publique, devenue un repère récurrent. Chaque lieu a contribué à façonner une identité singulière, où la scénographie et le patrimoine industriel jouaient autant de rôle que la programmation.
Une programmation de référence
Au Name, les plus grands noms de la scène techno internationale se sont succédé : Solomun, Richie Hawtin, Tale Of Us, Charlotte de Witte. Le festival a aussi su accompagner l’émergence de la jeune génération. Cassie Raptor, aujourd’hui figure montante, confiait rêver de jouer « chez » Fanny Bouyagui avant d’être programmée lors de l’Open Air du festival au Métaphone de Oignies.
Ce mélange entre têtes d’affiche et jeunes talents a longtemps constitué la marque de fabrique du festival, qui accueillait en moyenne 5 000 spectateurs par édition.
Des difficultés récentes
En 2024 et 2025, le festival a traversé une période délicate. Les éditions d’octobre et de mai ont été fragilisées par la concurrence croissante d’événements venus de la capitale, proposant des concepts hybrides mêlant électro et fête foraine. Ces arrivées, perçues comme brutales par les organisateurs, ont alimenté un sentiment de déséquilibre.
« Nous, on fait de la culture, pas du business », déclarait récemment Fanny Bouyagui, soulignant la différence de démarche entre un projet culturel ancré dans le territoire et des formats plus commerciaux.
Ces tensions, combinées aux difficultés générales rencontrées par le secteur des festivals – hausse des coûts, incertitudes liées aux financements, concurrence accrue – ont conduit Art Point M à annoncer une pause. Ni la Condition publique, ni la gare Saint-Sauveur n’accueilleront le festival cette année.
Maintenir le lien avec le public
La suspension de l’édition roubaisienne ne signifie pas l’arrêt total des activités. Deux rendez-vous sont confirmés pour l’automne 2025 : une soirée à la chapelle des Jésuites à Saint-Omer le 11 octobre et un « Labo du Name » au Garage. Ces formats plus intimistes permettent de conserver le contact avec le public et de tester de nouvelles approches.
« On est sur l’écriture d’un nouveau scénario », explique Sabine Duthoit, membre de l’équipe d’organisation.
Vers un repositionnement en 2026
L’avenir du festival est désormais en discussion avec les partenaires institutionnels, de la ville de Roubaix à la Région en passant par la Métropole européenne de Lille. L’idée est de repenser le modèle et de proposer une formule renouvelée dès 2026.
Plusieurs pistes sont à l’étude : organiser l’événement à une autre période de l’année, explorer des formats hybrides où gastronomie et musique se rencontreraient, ou encore multiplier les rendez-vous plutôt que concentrer l’activité sur une seule date.
« Un rendez-vous unique dans l’année, ce n’est plus suffisant », constate l’équipe, qui souhaite s’adapter aux évolutions du secteur et aux attentes du public.
Un enjeu pour la scène locale
Au-delà de sa dimension artistique, le Name a contribué à faire rayonner la scène électro régionale et à attirer un public venu de toute l’Europe. Sa capacité à conjuguer patrimoine, musique et innovation culturelle en a fait un modèle étudié bien au-delà de la métropole lilloise.
La question qui se pose désormais est celle de la transmission : comment conserver cette identité singulière tout en inventant un format viable et attractif pour les années à venir ? Réponse attendue en 2026.