Un revers judiciaire pour les syndicats

Saisi d’une demande en référé déposée le 29 avril par la CGT, le tribunal de Lille a rejeté mardi la suspension du projet d’externalisation du site logistique de La Redoute situé à Wattrelos. Ce jugement autorise l’entreprise à poursuivre le transfert des 322 salariés de la plateforme Quai 30 à l’entreprise ID Logistics, spécialisée dans la gestion d’entrepôts pour le compte de tiers. Le tribunal a estimé que la procédure n’était pas recevable, faute d’avoir été portée par l’instance représentative adéquate.

« C’est le comité social et économique (CSE) qui aurait dû faire cette démarche. Notre requête n’a donc même pas été examinée sur le fond », explique Smaïl Bella, délégué syndical CGT à La Redoute.

« En plus de cela, nous devons régler 4 000 euros de frais de justice à l’entreprise. »


Une plateforme sous-utilisée depuis sa mise en service

Mis en service en 2014, le site Quai 30 incarne le virage technologique de La Redoute dans la logistique. Équipé d’automates et de systèmes de tri dernière génération, l’entrepôt avait pour ambition d’absorber l’ensemble de la logistique e-commerce du groupe. Pourtant, selon la direction, le site ne fonctionnerait qu’à 50 % de ses capacités. Un niveau jugé insuffisant pour assurer sa viabilité économique à long terme.

Dans ce contexte, La Redoute a annoncé début février son intention de céder l’exploitation de la plateforme à ID Logistics. Le groupe restera propriétaire des bâtiments et des équipements, mais l’exploitation opérationnelle sera assurée par ce sous-traitant, qui prendra en charge les 322 salariés concernés.


Un transfert sous tension

L’annonce de l’externalisation a provoqué une vague de protestations chez les salariés, qui y voient un risque pour leurs conditions de travail et la pérennité de leurs emplois. Plusieurs rassemblements ont été organisés à Wattrelos, et une grève a été observée début mars. Les syndicats dénoncent un « passage en force » de la direction.

« Ce n’est pas une externalisation, c’est une privatisation déguisée de notre outil de travail », juge un salarié du site, sous couvert d’anonymat.

« On nous dit qu’on garde nos emplois, mais pour combien de temps ? Une fois transférés, rien ne garantit que les postes ne seront pas supprimés plus tard. »

L’entreprise, de son côté, affirme que le recours à ID Logistics est nécessaire pour pérenniser l’activité de Quai 30, en élargissant son portefeuille de clients et en réduisant les coûts d’exploitation.


Des perspectives incertaines

ID Logistics, qui emploie plus de 30 000 personnes dans 17 pays, est un acteur majeur du secteur de la logistique contractuelle. L’entreprise gère déjà des plateformes pour de grands noms de la distribution et du commerce en ligne. En prenant en charge Quai 30, elle s’engage à maintenir les emplois dans un premier temps, tout en cherchant de nouveaux partenaires pour optimiser l’utilisation de l’outil.

La direction de La Redoute assure que le projet a été présenté aux représentants du personnel conformément à la législation, et qu’un accompagnement social est prévu pour faciliter la transition.

« Le transfert des contrats de travail se fera à conditions équivalentes », souligne un porte-parole du groupe.

« Nous avons veillé à garantir la continuité des droits des salariés dans le cadre légal prévu. »


Un modèle économique en mutation

L’externalisation de Quai 30 s’inscrit dans un mouvement plus large de transformation du modèle économique de La Redoute, devenu un acteur majeur du e-commerce en France. Depuis sa reprise en 2014 par ses dirigeants, puis son entrée dans le giron des Galeries Lafayette en 2018, l’entreprise a fortement investi dans sa digitalisation. La logistique, cœur de la promesse client, constitue un enjeu stratégique dans ce repositionnement.

Le recours à des prestataires spécialisés comme ID Logistics permettrait à l’entreprise de se concentrer sur son cœur de métier : la vente de produits en ligne et l’enrichissement de son offre. Mais cette stratégie, courante dans le secteur, suscite des inquiétudes sociales récurrentes, en particulier dans des régions industrielles comme le Nord.


Mobilisation syndicale à suivre

Malgré le revers judiciaire, la CGT et d’autres organisations syndicales ne comptent pas baisser les bras. Une nouvelle action devant les prud’hommes n’est pas exclue, tout comme d’éventuelles mobilisations dans les semaines à venir. Les salariés concernés restent dans l’incertitude quant à l’évolution de leurs conditions de travail une fois transférés chez ID Logistics.

Pour les représentants syndicaux, la bataille est désormais aussi politique. Des élus locaux ont été interpellés, et une motion a été votée par le conseil municipal de Wattrelos pour soutenir les salariés. Si l’externalisation suit son cours légal, elle reste contestée sur le terrain social.

Un corps retrouvé sans vie dans la Deûle : une enquête ouverte

Un corps retrouvé sans vie dans la Deûle : une enquête ouverte

Le corps a été repêché en soirée, mercredi, au niveau du chemin du Halage, à Evin-Malmaison. L’homme, identifié grâce à des documents retrouvés sur lui, était dans l’eau depuis un certain temps. Aucune disparition n’avait été signalée à son sujet. Les circonstances de...