Malgré deux greffes cardiaques avant 25 ans, Juliette Fricoteaux construit patiemment sa vie professionnelle et personnelle, entre engagements sportifs et défis médicaux.
Après avoir subi deux greffes du cœur, Juliette Fricoteaux, jeune Villeneuvoise, poursuit son parcours sans renoncer à ses ambitions. Entre son activité d’autoentrepreneuse dans le management sportif et ses engagements bénévoles, elle façonne une existence où la résilience est devenue une force discrète mais puissante.

Une vie reprise en main
Deux greffes du cœur avant l’âge de 25 ans. Un suivi médical constant, des effets secondaires récurrents, des traitements lourds… Malgré ce tableau clinique complexe, Juliette Fricoteaux ne veut être réduite ni à sa maladie ni à son parcours médical.
Après une alternance réussie au sein de la Métropole Européenne de Lille (MEL) dans le domaine du management sportif, elle a choisi de se lancer en tant qu’autoentrepreneuse. Un statut qui lui permet de concilier ses impératifs de santé et ses ambitions professionnelles.
« Je travaille à mon rythme, et je fais mes propres choix dans le domaine du management sportif », explique-t-elle.
Le mois prochain, Juliette franchira une nouvelle étape en participant à l’organisation du prestigieux tournoi de Roland-Garros, en supervisant les équipes d’accueil. Une mission qui complète son expérience acquise lors des derniers Jeux olympiques, où elle avait encadré les bénévoles de la région lilloise.
De grands événements pour se projeter
Participer à l’encadrement d’événements internationaux est plus qu’une ligne sur un CV pour Juliette : c’est une manière de s’ancrer dans une vie professionnelle épanouie, malgré la réalité quotidienne de la greffe.
Lors des Jeux des transplantés, organisés il y a deux ans en Australie, Juliette avait déjà montré sa détermination. Après plusieurs mois d’entraînements adaptés et encadrés, elle avait rejoint l’équipe française pour défendre haut les couleurs des transplantés français.
« L’expérience des Jeux olympiques m’a permis de confronter mon orientation professionnelle vers le management du sport à la réalité », souligne-t-elle.
Une démarche qui confirme son souhait de ne pas se limiter aux sphères médicales ou associatives, mais bien de s’inscrire dans la dynamique du sport de haut niveau, sur le terrain professionnel.
Engagements multiples et activités adaptées
En parallèle de ses missions professionnelles, Juliette continue de s’investir dans plusieurs associations, notamment aux Restos du Cœur cet hiver. Elle reste particulièrement engagée auprès de la Fondation Cœur et Recherche, en tant qu’ambassadrice, une responsabilité qu’elle exerce avec discrétion mais constance.
Elle répond également, à la demande des médecins du CHU de Lille, à des sollicitations pour rencontrer de jeunes greffés et partager avec eux son expérience.
« Mais c’est à la demande des médecins dans ce cas-là », précise-t-elle, fidèle à sa volonté de ne pas s’imposer comme modèle malgré son parcours hors du commun.
Côté sportif, Juliette a dû renoncer à certaines pratiques trop risquées, notamment la course à pied, en raison de la fragilité osseuse induite par ses traitements antirejet. Mais elle a trouvé dans le cyclisme une activité plus adaptée à ses capacités physiques.
« Je fais du vélo, des sorties assez longues. J’ai fait 70 kilomètres récemment, mais à mon rythme, toute seule, car je ne veux pas être un frein pour les autres… C’est mieux pour mon moral », confie-t-elle.
Le défi d’une santé fragile mais d’un moral solide
Au quotidien, Juliette doit jongler avec les impératifs médicaux : ajustements réguliers de traitements, surveillance rapprochée, gestion des effets secondaires. Mais pour elle, ces contraintes doivent rester en arrière-plan.
« J’ai encore besoin d’un suivi médical important, d’ajustements de traitements à chaque apparition d’effet secondaire, mais je n’ai pas envie que ma santé soit un frein à ce que je veux faire », insiste-t-elle.
Cette philosophie, elle l’a forgée au fil du temps, à travers les épreuves et un travail personnel en profondeur. Plutôt que de se laisser submerger par les limitations, Juliette choisit de valoriser ce que la vie lui permet d’accomplir.
Son cœur greffé, s’il peine parfois à soutenir de trop grands efforts, ne freine pas son appétit de vie. Avec énergie, pragmatisme et lucidité, Juliette Fricoteaux trace son chemin, portée par la conviction que, même après deux greffes du cœur, une existence pleine de projets et de rêves est non seulement possible, mais nécessaire.