Offensive terrestre et pressions internationales
Israël a confirmé, par la voix de son Premier ministre Benjamin Netanyahu, son intention de « prendre le contrôle de tout le territoire » de la bande de Gaza. Cette déclaration intervient alors que l’armée mène depuis plusieurs jours une campagne terrestre et aérienne d’une intensité inédite dans l’enclave palestinienne.
L’objectif affiché par l’État hébreu est double : obtenir la libération des otages israéliens détenus par le Hamas et anéantir les capacités militaires du mouvement islamiste. Pour ce faire, Tsahal multiplie les opérations dans différentes zones de Gaza, notamment dans le sud du territoire, où l’armée a ordonné des évacuations massives de civils.
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« Les combats sont intenses et nous progressons. Nous prendrons le contrôle de tout le territoire »
— Benjamin Netanyahu, Premier ministre israélien
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L’annonce a provoqué une vague de réactions internationales. Dans une déclaration conjointe, les dirigeants de la France, du Royaume-Uni et du Canada ont dénoncé les « actions scandaleuses » du gouvernement israélien, affirmant qu’ils ne resteraient « pas les bras croisés ».

Déplacements de population et scènes de chaos
À Khan Younès, dans le sud de Gaza, des milliers d’habitants ont fui les bombardements. À pied, à vélo ou sur des charrettes tirées par des ânes, des familles entières ont quitté la ville après les ordres d’évacuation. L’atmosphère est décrite comme apocalyptique par des témoins, avec des tirs nourris, des frappes aériennes et un environnement en ruines.
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« C’était de partout, des ceintures de feu, des avions de combat, des hélicoptères. On ne savait plus où aller »
— Mohammad Sarhane, habitant de Khan Younès
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Depuis le début de cette nouvelle phase de l’offensive, la Défense civile palestinienne rapporte la mort d’au moins 91 personnes dans les dernières 24 heures. Les infrastructures sont à l’agonie, et les hôpitaux manquent de tout.
Aide humanitaire : une réponse jugée insuffisante
Dans ce contexte, l’entrée de cinq camions de l’ONU transportant de la nourriture pour bébés et des produits de première nécessité a été saluée par les autorités israéliennes comme un geste humanitaire. Mais les ONG présentes sur place dénoncent une réponse largement insuffisante au regard des besoins.
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« Une goutte d’eau dans l’océan »
— Tom Fletcher, chef des opérations humanitaires de l’ONU
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Depuis le 2 mars, Israël avait suspendu l’entrée de toute aide humanitaire dans Gaza. Face aux critiques croissantes, le Premier ministre israélien a annoncé qu’Israël autoriserait désormais « une quantité de base de nourriture », tout en invoquant des « raisons diplomatiques ». Des pays alliés auraient signifié à Tel-Aviv leur gêne croissante face à l’aggravation de la situation humanitaire.
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« C’est de la poudre aux yeux. On fait rentrer de la nourriture, mais c’est presque symbolique. Deux millions de personnes sont affamées »
— Claire Nicolet, Médecins Sans Frontières
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L’Organisation mondiale de la santé a, elle aussi, tiré la sonnette d’alarme, soulignant que des tonnes de vivres sont actuellement bloquées à la frontière tandis que les habitants de Gaza souffrent de la faim.
Un blocus de plus de 19 mois
La bande de Gaza est soumise à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis plus de 19 mois. Ce blocus, renforcé depuis le déclenchement des hostilités en octobre dernier, a gravement affecté les conditions de vie des deux millions d’habitants du territoire. Les infrastructures civiles, notamment les hôpitaux, les écoles et les systèmes d’approvisionnement en eau, sont en grande partie détruites ou hors service.
Le chef du Programme alimentaire mondial a récemment averti que Gaza est « au bord d’une famine généralisée ». Selon les estimations des Nations Unies, plus de 1,7 million de personnes seraient déplacées à l’intérieur de l’enclave, avec un accès extrêmement limité à la nourriture, à l’eau potable et aux soins médicaux.
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« Où est l’aide ? Où sont la nourriture et l’eau ? Nous mourons, nous avons faim… »
— Abir Houdhoud, déplacée à Gaza-ville
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Des exigences internationales croissantes
Face à l’ampleur de la crise, 22 pays, dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Canada, ont exigé dans une déclaration commune une « reprise complète de l’aide à Gaza, immédiatement ». Le texte appelle à un cessez-le-feu humanitaire et à la mise en place de couloirs sûrs pour la distribution de l’aide.
Alors que les combats se poursuivent, la pression internationale s’intensifie sur le gouvernement israélien, mais aussi sur le Hamas, sommé de libérer les otages israéliens toujours détenus dans l’enclave.
Un avenir incertain pour Gaza
L’objectif israélien de reprendre le contrôle total de la bande de Gaza soulève de nombreuses interrogations quant à l’après-guerre. L’administration américaine a exprimé des réserves sur une occupation prolongée du territoire par Israël, tout en réaffirmant son soutien au droit d’Israël à se défendre.
Le futur politique de Gaza, sa gouvernance, la reconstruction du territoire et le sort des civils restent autant de zones d’ombre. Les analystes s’accordent sur le fait qu’une solution durable au conflit ne pourra émerger sans une vision politique claire et inclusive pour l’ensemble du territoire palestinien.
Alors que les frappes continuent et que les morts s’accumulent, les appels à un arrêt immédiat des hostilités se multiplient. Mais sur le terrain, les perspectives de paix semblent plus éloignées que jamais.