Depuis l’élection de Donald Trump, l’ordre international connaît de profonds bouleversements, marqués par des décisions inattendues et la recomposition des rapports de force, notamment au Proche-Orient. La récente tournée du président américain, jalonnée d’annonces majeures et de rencontres inédites, illustre ce tournant qui redéfinit les stratégies des grandes puissances.


Des adversaires d’hier deviennent des partenaires

Le déplacement de Donald Trump au Proche-Orient a fait apparaître sur le devant de la scène une situation que nombre d’observateurs considéraient impossible il y a seulement quelques années : une poignée de main officielle entre le président américain et Ahmed al-Sharah, nouveau dirigeant de la Syrie. Derrière cette rencontre se dessine un bouleversement géopolitique, tant al-Sharah, anciennement Abu Mohamed al-Jolani, était considéré comme l’un des adversaires les plus acharnés de Washington, ayant dirigé des factions hostiles à l’armée américaine et figuré sur la liste des personnes les plus recherchées.

À peine un quart de siècle après les attentats du 11 septembre, qui avaient placé la lutte contre les réseaux terroristes au cœur de la politique étrangère américaine, ce rapprochement symbolise un changement d’époque. Les observateurs du dossier estiment que la nouvelle administration américaine privilégie désormais la stabilité régionale à la poursuite d’anciens antagonismes, même lorsque ces choix heurtent les doctrines du passé.


Levée des sanctions : enjeux économiques et réalignement stratégique

L’un des effets immédiats de la rencontre entre Donald Trump et Ahmed al-Sharah a été l’annonce de la levée totale des sanctions américaines contre la Syrie. Ce geste, historique par son ampleur, vient mettre fin à des décennies de restrictions successives qui avaient atteint leur paroxysme durant la guerre civile. Pour de nombreux analystes, cette décision ouvre un immense marché à la reconstruction du pays, auquel les puissances du Golfe, spécialisées dans le secteur immobilier et les infrastructures, entendent bien prendre part.

Les montants envisagés sont colossaux, et la perspective de contrats portant sur plusieurs centaines de milliards de dollars attire déjà les entreprises saoudiennes, émiraties et koweïtiennes. Cette dimension économique se double d’un enjeu diplomatique : les alliances entre les États-Unis et leurs partenaires du Golfe se resserrent, comme l’a illustré la visite du prince héritier d’Arabie Saoudite, Mohamed Ben Salman, qui a profité de la présence du président américain pour officialiser d’importants accords commerciaux et militaires.


Un contexte diplomatique profondément remodelé

Au-delà de l’impact économique, la nouvelle donne américaine vise également à relancer le processus de normalisation au Moyen-Orient, notamment entre la Syrie et Israël. Même si la levée des sanctions n’est pas formellement conditionnée à une telle évolution, la pression exercée par les États-Unis est manifeste. Plusieurs experts en relations internationales voient dans cette démarche une volonté américaine de renforcer les dynamiques de réconciliation régionale, dans la continuité des accords d’Abraham signés par d’autres États arabes ces dernières années.

L’État hébreu, en revanche, aborde ce tournant avec une grande prudence. Les autorités israéliennes craignent que la normalisation progressive de la Syrie ne vienne renforcer le camp de leurs adversaires et affaiblir leur influence dans la région. Les tensions restent vives, comme en témoignent les opérations militaires menées récemment dans le sud syrien, perçues comme une tentative d’Israël de conserver l’initiative sur le terrain face à l’évolution des équilibres diplomatiques.


Les nouvelles pratiques de négociation américaine et l’isolement d’Israël

La recomposition en cours ne se limite pas au cas syrien. Les méthodes employées par l’administration Trump, qui privilégient des négociations directes et parfois confidentielles avec divers acteurs régionaux, ont abouti à des résultats inattendus. Ainsi, la libération de l’otage Edan Alexander, détenu par le Hamas, a été rendue possible grâce à des discussions bilatérales entre responsables américains et palestiniens, menées sans l’assentiment préalable d’Israël. Ce choix tactique illustre une tendance américaine à traiter certains dossiers majeurs de la région en dehors des circuits diplomatiques traditionnels, et parfois au détriment de leurs alliés historiques.

Pour de nombreux analystes, cette évolution traduit la volonté de Washington de diversifier ses partenariats et de ne plus s’en remettre exclusivement à la relation privilégiée avec Israël. Cette redéfinition de la stratégie américaine ne manque pas de susciter des crispations à Tel-Aviv, qui s’inquiète de la perte progressive de sa centralité dans les décisions de son principal partenaire.


L’Arabie Saoudite et la tentation de la diplomatie sur le dossier iranien

Autre élément de rupture, le traitement du dossier nucléaire iranien. Là où Israël et certains membres de l’administration américaine défendaient jusqu’ici une logique d’escalade et de confrontation, Donald Trump a surpris en privilégiant un retour au dialogue avec Téhéran, encouragé par une partie des monarchies du Golfe. Pour ces dernières, l’option militaire apparaît désormais trop risquée et potentiellement déstabilisatrice pour leurs propres intérêts économiques et sécuritaires.

Les nouvelles orientations saoudiennes, qui misent sur la diplomatie plutôt que sur l’affrontement, ont contribué à isoler Israël, dont la stratégie reste marquée par la défiance à l’égard de tout compromis avec l’Iran. La mise à l’écart de Mike Waltz, conseiller en sécurité nationale limogé pour son rapprochement avec la position israélienne et la primauté donnée à l’option militaire, confirme le rejet de cette approche par la nouvelle équipe présidentielle. Il apparaît clairement que la Maison Blanche souhaite désormais imposer une vision pragmatique, centrée sur la réduction des tensions plutôt que sur leur exacerbation.


Un Proche-Orient en recomposition, entre espoirs et incertitudes

La nouvelle doctrine diplomatique américaine, marquée par une succession d’initiatives audacieuses, bouleverse en profondeur les rapports de force au Proche-Orient. L’ancien schéma d’alliances, fondé sur des clivages hérités de la guerre froide et des conflits des années 2000, vole en éclats sous l’effet d’une approche résolument pragmatique et orientée vers la résolution de conflits par la négociation.

Pour la Syrie, la levée des sanctions américaines offre la perspective d’un retour progressif dans le jeu international, même si la stabilité du régime et l’efficacité des mesures de reconstruction restent à confirmer. Pour les puissances du Golfe, il s’agit d’une opportunité économique et politique majeure, leur permettant de s’imposer comme acteurs centraux dans la réorganisation de la région.

Israël, de son côté, doit faire face à un environnement diplomatique de plus en plus incertain, où ses priorités ne sont plus systématiquement celles de Washington. Si le président américain n’a pas renoncé à son attachement à la sécurité d’Israël, il entend désormais mener une politique étrangère indépendante, libérée de la tutelle de ses alliés et dictée par une volonté affichée d’efficacité et de flexibilité.


Au terme de cette séquence diplomatique inédite, le Proche-Orient apparaît à la croisée des chemins. Les choix opérés par Donald Trump imposent un nouveau rythme aux relations internationales, où les anciens adversaires deviennent, sinon des alliés, du moins des interlocuteurs incontournables. Reste à savoir si cette stratégie, fondée sur la négociation directe et la levée de tabous, permettra d’apaiser durablement une région minée par des décennies de conflits, ou si elle débouchera sur de nouveaux foyers de tension.

Dans ce contexte mouvant, l’ensemble des acteurs concernés devront s’adapter à des règles du jeu profondément transformées, sous l’impulsion d’une présidence américaine qui, loin de suivre les chemins balisés du passé, préfère inventer les siens. Les prochains mois seront déterminants pour mesurer l’ampleur réelle de ces bouleversements et en évaluer les conséquences sur la stabilité régionale et mondiale.

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