Lucas Thieffry s’élance pour un périple de quatre mois jusqu’au nord de la Norvège, accompagné de son chien Bradley

Un projet mûri depuis l’adolescence
« Je rêve de ce voyage depuis que j’ai 18 ans. » À 30 ans, Lucas Thieffry a décidé de transformer ce rêve en réalité. Ce lundi matin, sur le parvis de la gare Lille-Flandres, l’homme s’est élancé à vélo en direction du Cap Nord, en Norvège, soit plus de 4 000 kilomètres à parcourir en près de quatre mois. À ses côtés, son compagnon de route : Bradley, un border collie de 7 ans, transporté dans une carriole conçue pour l’occasion.
Ce départ n’est pas un coup de tête. Depuis plusieurs mois, Lucas prépare méticuleusement son itinéraire, son matériel et sa condition physique. Ce passionné de cyclisme n’est pas étranger aux longues distances. Il a récemment participé à Paris-Roubaix et a gravi les pentes exigeantes du col du Tourmalet. « Je voulais partir entraîné, mais surtout serein », explique-t-il. « Il y aura des galères, c’est sûr. Mais c’est aussi pour ça que je pars. Pour sortir du cadre, vivre autre chose. »
Une organisation millimétrée pour une vie nomade
Le projet s’appuie sur une logistique simple, mais efficace. Lucas transporte une tente, un réchaud, quelques vêtements techniques, du matériel électronique et un GPS. Pour Bradley, la préparation a été toute aussi rigoureuse : des mois de tests dans la carriole, des étapes régulières, et une attention particulière portée à son alimentation. « Le plus dur, ça va être de trouver des croquettes tous les dix jours », plaisante Lucas.
Le rythme quotidien prévu est de 70 kilomètres par jour, avec des pauses toutes les semaines dans un hébergement de type Airbnb, afin de récupérer, se ravitailler et recharger les batteries électroniques. Le reste du temps, ce sera bivouac et nuits à la belle étoile, en forêt, au bord d’un lac ou sur une aire de repos improvisée.
« On a fait plein de tests, il s’adapte super bien. C’est mon copilote ! »
— Lucas Thieffry
Bradley, museau au vent, semble avoir parfaitement adopté son rôle de compagnon d’aventure. Pour Lucas, sa présence est un soutien autant affectif que logistique. « Il m’aide à garder le rythme, à rester dans l’instant. Et je pense que lui aussi est content de changer d’horizon. »
Une traversée de l’Europe du Nord
L’itinéraire, déjà tracé avec soin, comprend une première étape à Gand, en Belgique, avant de remonter vers les Pays-Bas, l’Allemagne, le Danemark puis la Scandinavie. Lucas prévoit d’atteindre Bergen, sur la côte ouest norvégienne, autour du 22 juin. Ce sera le début de la dernière grande phase du voyage, avec la montée progressive jusqu’au Cap Nord, le point le plus septentrional de l’Europe continentale, qu’il espère atteindre vers le 25 juillet.
Cette destination n’a pas été choisie au hasard. Symbole d’évasion extrême, le Cap Nord représente, pour beaucoup de cyclistes et aventuriers, une forme d’aboutissement. Les paysages arctiques, les longues journées d’été sans nuit noire, et le sentiment d’isolement attirent chaque année plusieurs dizaines de voyageurs à vélo venus de toute l’Europe.
« Je voulais surtout faire ça pour moi. Si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais. »
— Lucas Thieffry
Une rupture avec le quotidien
Ancien commercial dans le secteur du textile, Lucas a profité d’une rupture conventionnelle pour prendre du recul et donner un nouveau cap à sa vie. Les mois de chômage à venir lui permettent d’envisager ce voyage sans pression financière immédiate. « Mes parents me prennent un peu pour un fou, mais mes amis m’encouragent beaucoup », sourit-il.
Cette décision, il l’a prise après une période de remise en question, amplifiée par un besoin de liberté. « J’avais besoin de sortir de la routine. J’ai compris que je voulais expérimenter autre chose, ralentir, écouter le monde. » Le choix du vélo, plutôt que d’un van ou de la marche, s’est imposé naturellement, alliant performance physique et lenteur choisie.
Une aventure partagée en ligne
Lucas ne sera pas totalement isolé. Grâce à une application GPS, ses proches pourront suivre sa progression en temps réel. Il documente également son périple sur un compte Instagram, où il partage déjà des photos des préparatifs, des conseils matériels et les premiers instants du voyage.
Loin de chercher une visibilité massive, il espère simplement inspirer d’autres personnes à sortir de leur zone de confort. « Si ça peut donner envie à d’autres de tenter leur propre aventure, tant mieux. Mais je le fais avant tout pour moi. »
Des défis à relever et une arrivée espérée en septembre
Le retour à Lille est prévu pour la mi-septembre. Si tout se passe comme prévu, Lucas et Bradley devraient boucler leur boucle après quatre mois d’itinérance. Il n’exclut pas quelques détours imprévus, en fonction des rencontres, de la météo ou de son état physique.
Les principaux défis à venir ? Les conditions climatiques changeantes, la gestion de l’alimentation pour deux, et la fatigue sur la durée. Mais Lucas se dit prêt. « Ce genre de voyage, c’est un concentré de tout ce qu’on vit rarement : la solitude, l’entraide, les imprévus, le dépassement de soi. C’est un peu une école de la vie. »
L’aventure ne fait que commencer. Tandis que le soleil du printemps illumine les premiers tours de roues, Lucas et Bradley s’éloignent doucement des briques rouges du Nord pour rejoindre les montagnes, les forêts, les fjords… et peut-être un nouveau regard sur le monde.