À la suite des manifestations qui ont perturbé la Vuelta, la présence de l’équipe Israel-Premier Tech suscite des tensions en Espagne. La ville de Barcelone, qui doit accueillir le départ du Tour de France 2026, demande des garanties aux organisateurs.

Des tensions héritées de la Vuelta
Jonas Vingegaard a remporté la Vuelta pour la première fois de sa carrière. Pourtant, la victoire du coureur danois est passée au second plan face à l’ampleur des contestations. Durant trois semaines, le peloton a été confronté à des manifestations répétées, notamment contre la présence de la formation Israel-Premier Tech.
Ces actions s’inscrivent dans un contexte politique particulier : l’Espagne fut l’un des premiers pays européens à reconnaître l’État de Palestine et connaît une mobilisation importante de la société civile sur ce dossier. Les coureurs ont dû composer avec un climat tendu, les militants cherchant régulièrement à perturber le bon déroulement de l’épreuve.
Israel-Premier Tech, au centre des critiques
L’équipe fondée en 2015, largement financée par l’État d’Israël et visant à promouvoir le cyclisme israélien, est aujourd’hui devenue une cible de contestation. Sa simple présence sur les courses espagnoles est remise en cause par une partie des élus et des militants.
Au lendemain de la Vuelta, le président du Conseil de Grande Canarie, Antonio Morales, a été particulièrement clair sur sa position concernant les étapes prévues sur son territoire lors de l’édition 2026 :
« Nous souhaitons accueillir la course, mais pas dans ces conditions. Israël commet un génocide. Nous ne pouvons pas être complices et les blanchir. »
Ces déclarations, largement relayées par la presse espagnole, marquent une rupture inédite dans le discours institutionnel autour du cyclisme professionnel.
Barcelone hausse le ton
L’enjeu dépasse désormais la seule Vuelta. Le grand départ du Tour de France 2026 est programmé à Barcelone, avec trois premières étapes sur le sol espagnol. Mais la municipalité a exprimé ses réticences.
Le conseiller municipal aux Sports, David Escudé, a adressé un message ferme aux organisateurs :
« Nous exigeons que les équipes qui concourent sous le drapeau israélien cessent de le faire. »
Cette prise de position place les organisateurs du Tour, Amaury Sport Organisation (ASO), face à un dilemme délicat. La pression politique locale pourrait contraindre à reconsidérer une partie de l’organisation.
La position d’ASO
Interrogé lors d’une table ronde à l’ambassade de France à Berlin, le directeur du Tour de France, Christian Prudhomme, n’a pas souhaité alimenter la polémique. Il a toutefois rappelé la fragilité structurelle du cyclisme sur route, directement exposé aux réalités sociales et politiques des territoires traversés.
« Les courses cyclistes sur route sont soumises aux soubresauts de la vie depuis toujours. Le cyclisme sur route est dans la vie, il ressent, plus qu’ailleurs dans un stade fermé, ce qui se passe au quotidien. »
ASO n’a pour l’heure annoncé aucun changement de programme. Le parcours définitif doit être dévoilé le 24 octobre et, selon les informations disponibles, Barcelone reste la ville de départ prévue.
Quelles conséquences pour les courses en France ?
Au-delà du Tour 2026, les interrogations portent sur les prochaines compétitions prévues en France, notamment les championnats d’Europe en Drôme-Ardèche (1ᵉʳ-5 octobre) et Paris-Tours (12 octobre). Le climat de contestation observé en Espagne pourrait-il s’y reproduire ?
La France, davantage divisée sur la question israélo-palestinienne, pourrait elle aussi voir ses courses perturbées. La vigilance est donc de mise, à quelques semaines de ces rendez-vous majeurs pour le calendrier cycliste international.