Des transports perturbés, des cortèges annoncés et une colère sociale qui s’exprime
À l’appel d’une intersyndicale élargie, la région s’apprête à vivre une journée marquée par des défilés, des grèves et des perturbations dans de nombreux secteurs. Les syndicats annoncent une mobilisation nourrie par un climat de « forte exaspération sociale », qui pourrait rappeler l’hiver 2023.
Une colère sociale qui monte
Dix cortèges sont annoncés dans les principales villes du Nord et du Pas-de-Calais. Les responsables syndicaux affirment constater, sur le terrain, une détermination croissante.
Selon eux, la mobilisation pourrait atteindre un niveau comparable à celui du 31 janvier 2023, lorsque 40 000 personnes avaient manifesté contre la réforme des retraites.
« Les salariés en ont tellement marre de n’être bons qu’à payer et de ne pas pouvoir vivre dignement de leur travail »,
indique Christelle Somers, secrétaire départementale de la CGT 62.
Les griefs restent nombreux : réforme des retraites, perte de pouvoir d’achat, dégradation des services publics. Pour certains représentants syndicaux, le risque est d’atteindre un point de rupture si le gouvernement n’apporte pas de réponses concrètes.
Les transports en première ligne
La grève touchera directement les déplacements du quotidien.
- Bus et tramways : Ilévia prévoit un trafic réduit, avec certaines lignes totalement interrompues. Les bus périurbains devraient en revanche circuler normalement, à l’exception de deux lignes.
- Métro : les fréquences resteront élevées, mais des ralentissements sont attendus.
- SNCF : seuls un TER sur trois et un TERGV sur deux circuleront, compliquant les trajets domicile-travail. Des perturbations sont aussi annoncées sur les TGV.
« L’impact devrait être relativement limité », nuance toutefois Franck Garçon, directeur général d’Ilévia, qui souligne un taux de grévistes inférieur à 10 %.
L’éducation et la jeunesse mobilisées
Les syndicats enseignants prévoient des taux de grève importants dans les écoles. L’UNSA éducation estime à 30 % le nombre de grévistes dans l’académie de Lille, tandis que le SNUIPP-FSU évoque jusqu’à 40 % dans le premier degré du Pas-de-Calais.
Plusieurs établissements pourraient rester fermés.
Les organisations de jeunesse appellent également à rejoindre les cortèges. Si leur présence était modeste la semaine dernière, elle pourrait prendre de l’ampleur ce jeudi.
Des tensions redoutées dans les manifestations
La préfecture du Nord a autorisé l’usage de drones lors de la manifestation prévue à Lille, au départ de la Porte de Paris à 14 h 30.
Elle justifie cette décision par la crainte de débordements, évoquant la présence possible de « 150 à 200 perturbateurs« .
La semaine précédente, 16 personnes avaient été interpellées et 7 policiers légèrement blessés.
Les pharmaciens également en grève
Au-delà des secteurs habituels, les pharmaciens seront aussi mobilisés.
Ils dénoncent la baisse des remises commerciales accordées sur les médicaments génériques. Dans l’arrondissement de Montreuil, seules 3 pharmacies sur 42 devraient rester ouvertes.
Vers un mouvement de longue durée ?
Au-delà de cette journée, les syndicats envisagent un bras de fer plus large. Certains parlent déjà d’un mouvement prolongé, comparable à celui contre la réforme des retraites.
« Le 10 septembre était un tremplin, le 18 on s’envole, et ensuite, on rentre dans le dur »,
estime Christelle Somers, de la CGT.
Le gouvernement de Sébastien Lecornu cherche pour l’instant à établir un compromis budgétaire. Mais du côté syndical, les attentes portent sur une « meilleure répartition des efforts », avec une contribution plus importante demandée aux hauts revenus et aux grandes entreprises.
Une journée décisive
Cette mobilisation s’inscrit dans une série d’actions qui pourrait marquer durablement la rentrée sociale. Reste à savoir si la participation atteindra les niveaux de 2023 ou si la colère exprimée se transformera en mouvement durable. Les syndicats assurent en tout cas que « l’exaspération atteint un niveau inédit ».
