Un élan né d’un drame silencieux

La fête des voisins trouve ses racines dans un événement tragique survenu à la fin des années 1990. Le décès d’une personne âgée, seule, restée plusieurs mois sans être découverte dans son appartement, a été l’élément déclencheur. À l’époque élu local, Atanase Périfan confie avoir été profondément marqué par ce drame :

« Je me suis dit alors : comment retrouver le prétexte pour se parler ? »

Ce questionnement a donné naissance à une initiative locale dans une rue du 17ᵉ arrondissement de Paris. L’idée était simple : redonner une place au dialogue entre voisins, autour d’un moment convivial. La formule a séduit, s’est étendue au quartier, à Paris, puis à l’ensemble du pays dès l’année 2000. En 2003, le mouvement prend une dimension européenne avant de se mondialiser en 2007.


Un rayonnement international en constante progression

Aujourd’hui, la fête des voisins est organisée dans plus de 50 pays sur tous les continents, de l’Afrique à l’Asie, en passant par l’Amérique latine. En 2025, cette dynamique mondiale atteint un niveau record, avec des millions de participants mobilisés autour des mêmes valeurs de solidarité, de proximité et de bienveillance.

« Depuis le Covid, l’envie de retrouver du lien a été fortement boostée. 2025 sera notre meilleur cru », affirme Atanase Périfan.

L’événement a su se réinventer après la pandémie, en s’adaptant aux contraintes sanitaires tout en réaffirmant l’importance du lien social. Ce rebond s’explique aussi par la recherche de sens et d’engagement citoyen qui traverse de nombreuses sociétés post-crise.


Le Nord – Pas-de-Calais, fer de lance de la mobilisation

Dès ses débuts, la fête des voisins a trouvé un terrain particulièrement fertile dans le Nord – Pas-de-Calais. Le soutien des élus locaux, dont Michel Delebarre et Jean-Louis Borloo, a permis une diffusion rapide et massive de l’initiative. En deux ans à peine, près de 80 % des villes de la région y participaient.

Cette année, ce sont environ 28 000 fêtes qui sont attendues dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais.

« Du jamais-vu. Et des rassemblements s’organiseront même sans passer par nous », constate le fondateur.

La tradition d’accueil et de convivialité, solidement ancrée dans cette région, contribue largement à ce succès. Les associations de quartiers, les centres sociaux, les bailleurs et les mairies locales jouent un rôle déterminant dans la logistique et l’animation.


Une initiative citoyenne aux multiples retombées

Au-delà du simple moment festif, la fête des voisins a généré de nombreuses retombées sociales. Elle a contribué à renforcer le tissu local, à prévenir l’isolement des plus fragiles, à désamorcer certaines tensions de voisinage. Elle a aussi nourri une réflexion plus large sur les modes d’habiter et de vivre ensemble.

Ce socle a permis à Atanase Périfan de lancer en 2021 une nouvelle dynamique complémentaire : l’Heure civique. Le principe ? Inciter chaque citoyen à donner une heure par mois pour une action solidaire dans sa commune.

« La générosité citoyenne peut irriguer l’action publique », insiste-t-il.

Testée dans cinq départements pilotes, cette démarche a déjà rallié 200 municipalités et mobilisé 20 000 volontaires. L’objectif est désormais de la déployer à l’échelle nationale.


Un modèle reproductible, soutenu localement

La force du dispositif tient aussi à sa simplicité. Pas besoin d’inscription préalable obligatoire ni de logistique complexe : les habitants sont invités à s’organiser librement, autour d’un apéritif, d’un repas partagé, d’un barbecue dans la cour de l’immeuble ou dans la rue.

Les collectivités locales accompagnent souvent le mouvement en facilitant les autorisations d’occupation de l’espace public, en fournissant du matériel, ou en animant certaines initiatives conjointes.

« Bouger les lignes, ça prend du temps, de l’énergie, mais ça m’a amusé », se rappelle Atanase Périfan.

Ce modèle, peu coûteux mais à fort impact social, a inspiré d’autres formes d’engagements de proximité, et fait école dans de nombreux pays.


2025, année charnière pour un nouvel élan

Alors que la fête célèbre ses 25 ans, les organisateurs souhaitent capitaliser sur cette dynamique pour projeter l’événement dans les décennies à venir. Plusieurs pistes sont à l’étude, comme la création d’une plateforme numérique dédiée, ou encore la mise en place de partenariats avec les services publics et les entreprises du secteur social.

Les enjeux sont nombreux : lutte contre l’isolement, cohésion sociale, développement de la participation citoyenne. À l’heure où les fractures sociales et territoriales s’accentuent, les gestes simples du quotidien peuvent redevenir de puissants leviers de transformation.

« On a tous besoin des uns et des autres », conclut le fondateur.

La fête des voisins, devenue une institution citoyenne, semble bien partie pour écrire un nouveau chapitre de son histoire. Et rappeler que, parfois, un simple bonjour au pas de sa porte peut changer beaucoup de choses.

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