Le Tourcoing Jazz Festival revient du 11 au 18 octobre avec une programmation riche et variée, marquant le retour de grands noms du jazz et des musiques du monde. Keziah Jones, Dee Dee Bridgewater, Avishaï Cohen et Sanseverino seront notamment à l’affiche de cette 39e édition très attendue.

Une semaine de concerts entre figures majeures et découvertes internationales
Pour cette avant-dernière édition avant le cap symbolique des 40 ans, le Tourcoing Jazz Festival mise sur la diversité des styles, l’excellence artistique et un savant équilibre entre têtes d’affiche et jeunes talents. Depuis sa création, l’événement attire chaque année environ 10 000 spectateurs, venus de toute la région et au-delà.
« Le Tourcoing Jazz Festival reste fidèle à son esprit : valoriser le jazz sous toutes ses formes, tout en s’ouvrant aux esthétiques voisines », résume Yann Subts, directeur artistique du festival.
Keziah Jones en ouverture, Ben L’Oncle Soul pour clore la semaine
C’est une figure iconique de l’afro-blues-funk qui ouvrira les festivités : Keziah Jones. Le chanteur et guitariste nigérian montera sur la scène du théâtre Raymond-Devos le samedi 11 octobre pour un concert acoustique inédit, entouré d’un percussionniste, d’un bassiste et d’un saxophoniste. Le même soir, la pianiste franco-arménienne Macha Gharibian se produira au Jazz Club de l’hospice d’Havré.
En clôture, le samedi 18 octobre, c’est Ben L’Oncle Soul qui fera vibrer les spectateurs du théâtre municipal. Connu pour son énergie scénique et son timbre chaleureux, il participera ensuite à « Le Petit Bal global » animé par la DJ lilloise Caroll Mamaqueen sous le chapiteau Magic Mirrors.
Avishaï Cohen et Dee Dee Bridgewater : des retours très attendus
Le dimanche 12 octobre marquera le retour du contrebassiste israélien Avishaï Cohen. Il proposera un concert en trio avec deux jeunes musiciens de 20 ans : le pianiste Itay Simhovich et le batteur Yali Stern. Une formation prometteuse, mêlant tradition et renouveau du jazz contemporain.
Le mardi 14 octobre, les amateurs auront un choix difficile : assister à la performance de la chanteuse franco-grecque Dafné Kritharas, ou retrouver la légendaire Dee Dee Bridgewater, absente du festival depuis 2008. La diva du jazz américain, toujours aussi magnétique, incarne à elle seule plusieurs décennies d’histoire musicale.
« Dee Dee Bridgewater a marqué toutes les scènes du monde, mais elle a une histoire particulière avec le public français », rappelle Yann Subts.
« Sa présence à Tourcoing est un événement en soi. »
Jazz manouche, musiques du monde et explorations sonores
Le mercredi 15 octobre, Sanseverino fera son grand retour avec son jazz manouche festif et débridé. Il se produira au Magic Mirrors, tandis que sur la scène du théâtre municipal, les spectateurs assisteront à un double plateau : Renaud Garcia-Fons, virtuose de la contrebasse à cinq cordes, suivi de Dhafer Youssef, chanteur et oudiste tunisien, reconnu pour ses compositions envoûtantes.
Le jeudi 16, le programme bascule vers les musiques métissées avec Butcher Brown, groupe américain à la croisée du jazz, du rap et du funk. À quelques rues de là, le pianiste catalan Marco Mezquida, rarement présent en France, jouera au Jazz Club. En soirée, Ballaké Sissoko et Piers Faccini uniront kora africaine et voix poétique dans une collaboration intimiste et singulière.
Une programmation éclectique et généreuse
Le vendredi 17 octobre, la scène du théâtre municipal accueillera un autre double plateau prestigieux : le Biréli Lagrène Quartet et Rhoda Scott, légende de l’orgue Hammond, déjà présente en 2019. Le même jour, Sandra Nkaké, en compagnie du violoncelliste Paul Colomb et du flûtiste Jî Drû, proposera un set hybride mêlant soul et musique contemporaine.
Mais le festival ne se limite pas à ces grands noms. Il offrira également des moments de découverte avec Marc Ducarne Quartet, le projet Gadianm aux influences réunionnaises, la trompettiste Yazz Ahmed, le chanteur Tyreek McDole ou encore Charlotte Planchou et Marsavril, deux figures montantes de la scène vocale.
Un ancrage local assumé
La dimension pédagogique et locale n’est pas oubliée. Le conservatoire de Tourcoing, en lien avec le département jazz, sera mis à l’honneur lors de la soirée du samedi 18 octobre au Magic Mirrors. Le pianiste et arrangeur Simon Fache, ancien élève du conservatoire, y présentera les compositions d’étudiants qu’il a accompagnés tout au long de l’année.
« La boucle est bouclée », confie Simon Fache.
« J’étais dans la première session en 1998. Aujourd’hui, je suis en résidence, et c’est un honneur de valoriser le travail de jeunes compositeurs. »
Vers les 40 ans : un tournant pour le festival
À un an de son quarantième anniversaire, le Tourcoing Jazz Festival semble aborder un virage serein, en pleine maturité artistique. Avec un budget maîtrisé mais une ambition intacte, l’événement s’impose comme l’un des rendez-vous musicaux les plus solides du Nord de la France. La fidélité du public, l’engagement des bénévoles et le soutien des collectivités locales contribuent à sa pérennité.
À l’heure où les festivals cherchent à se réinventer face à l’évolution des publics et aux contraintes économiques, le Tourcoing Jazz Festival donne la démonstration qu’une programmation exigeante, conjuguée à une implantation territoriale forte, peut encore séduire largement.