Un jeudi sous tension dans les transports en commun

La journée d’hier a mis à rude épreuve la patience des usagers de la ligne 1 du métro. Dès 11 heures, les rames se sont figées sur l’ensemble du tracé, de Villeneuve-d’Ascq à Lille. En cause : une panne informatique affectant le système de pilotage automatique récemment installé. D’abord annoncée comme temporaire, la coupure du trafic a finalement duré jusqu’à la fin du service, soit une interruption de plus de treize heures.

Dans un premier temps, Ilévia, l’opérateur des transports en commun, a tenté de rassurer. « Une reprise est envisagée à partir de 20 h », affirmait un message diffusé en boucle sur les écrans d’information et les réseaux sociaux. Mais à 20 h précises, un nouveau communiqué est tombé : « Le trafic de la ligne 1 reste interrompu jusqu’à la fin de service. Des bus relais continuent de circuler. »


Une panne technique liée au nouveau système automatique

Depuis la modernisation de la ligne 1, celle-ci fonctionne avec un système de conduite automatique sans conducteur, censé améliorer la fréquence des rames et la fluidité du trafic. Ce dispositif, bien qu’ambitieux, a déjà connu plusieurs incidents ces derniers mois. Hier, la panne aurait été provoquée par un « défaut logiciel critique » selon une source interne à l’opérateur, provoquant la mise en sécurité du système.

« Nous avons identifié un dysfonctionnement dans le protocole de synchronisation entre plusieurs modules du système automatique. Par précaution, tout le trafic a été arrêté, »
| déclarait un technicien d’Ilévia sous couvert d’anonymat.

L’opérateur assure qu’une mise à jour corrective est en cours d’élaboration pour éviter une nouvelle interruption. Mais sur le terrain, la lassitude des usagers grandit.


Des relais bus débordés et un centre-ville paralysé

Pour pallier l’absence de métro, des bus relais ont été mis en place. Mais ceux-ci ont rapidement été pris en tenaille entre la demande croissante et les difficultés de circulation en centre-ville, déjà perturbé par une manifestation syndicale programmée dans l’après-midi.

Place des Buisses, à proximité de la gare Lille-Flandres, des centaines de voyageurs attendaient désespérément un bus. Les files d’attente s’allongeaient jusqu’à la rue des Canonniers, sous les regards agacés et les soupirs répétés.

« J’ai mis deux heures pour faire un trajet qui me prend normalement vingt minutes. Et encore, en me serrant dans un bus bondé, »
| rapporte Jean-Marie, contraint de rejoindre le CHU par un itinéraire improvisé.

« C’est une énorme galère. On est prévenus à la dernière minute, et rien ne suit. On est laissés à nous-mêmes, »
| témoigne Sylvie, abonnée mensuelle, qui affirme réfléchir à abandonner l’abonnement annuel.


Des précédents qui inquiètent

La ligne 1, qui transporte en moyenne 210 000 voyageurs par jour, avait déjà connu une série de dysfonctionnements ces derniers mois. En février, un arrêt prolongé avait paralysé le trafic pendant près de huit heures. En mars, un autre incident avait affecté la signalisation. L’accumulation de ces incidents fragilise la confiance dans le nouveau système.

« Le passage au tout automatique devait renforcer la fiabilité du réseau. Pour l’instant, on observe plutôt l’inverse, »
| analyse un agent de maintenance, évoquant « une mise en service précipitée sous pression politique ».


Indemnisations annoncées, mais pas de calendrier clair

Coïncidence du calendrier, Ilévia avait choisi cette même journée pour annoncer la mise en place d’un dispositif d’indemnisation à destination des abonnés, affectés par les interruptions à répétition de ces derniers mois. Aucune grille tarifaire ni date de lancement n’a cependant été dévoilée.

« Nous sommes conscients des désagréments subis. Un système d’indemnisation est en cours de finalisation pour les abonnés réguliers. Il sera communiqué prochainement, »
| a déclaré un porte-parole d’Ilévia lors d’un point presse.


Vers une remise en question du pilotage automatique ?

Face à ces dysfonctionnements répétés, la question de la fiabilité du système automatique revient sur le devant de la scène. S’il n’est pas envisagé de revenir à un métro avec conducteurs, des audits techniques sont désormais à l’étude.

Le syndicat mixte des transports, en charge du contrôle du réseau, aurait convoqué une réunion d’urgence pour examiner les conditions de maintenance et de mise à jour du matériel.


Perspectives : vers une modernisation plus prudente ?

La transformation numérique du réseau, amorcée en 2022, devait faire du métro de la métropole un exemple de mobilité urbaine automatisée. Mais le calendrier de déploiement, jugé ambitieux, soulève aujourd’hui des interrogations.

Les élus locaux, tout en saluant la volonté d’innovation, appellent à une « phase d’évaluation plus approfondie » des systèmes en place. Certains demandent un rapport d’étape avant l’extension du pilotage automatique à la ligne 2, initialement prévue pour 2026.


un réseau sous pression

La journée d’hier a mis en lumière les limites d’un système encore en rodage, confronté à une réalité urbaine dense et imprévisible. Entre attentes technologiques et contraintes opérationnelles, l’équilibre semble difficile à tenir. Pour les usagers, l’essentiel reste pourtant inchangé : pouvoir se déplacer de manière fiable, rapide et sûre. Hier, cet engagement n’a pas été tenu.

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