Un épais panache noir s’élevant dans le ciel, des sirènes résonnant dans le quartier et des badauds interloqués : un incendie s’est déclaré hier matin au sommet d’une des tours emblématiques d’Euralille. Bien que spectaculaire, le sinistre a été rapidement maîtrisé. Aucun blessé n’est à déplorer, mais les circonstances de l’incident interrogent sur les conditions de sécurité des chantiers en hauteur.

Départ de feu au 16e étage
Il était un peu plus de 10 heures lorsque plusieurs appels ont alerté les secours : une fumée noire s’échappait du sommet de la tour située à proximité immédiate du centre commercial Euralille. L’immeuble, qui culmine à une vingtaine d’étages, abrite des logements privés dans ses niveaux supérieurs ainsi qu’une résidence hôtelière, Les Citadines.
Selon les premières constatations, le sinistre serait parti de la toiture, où des ouvriers intervenaient dans le cadre de travaux d’étanchéité. La manipulation d’un chalumeau aurait provoqué un départ de feu au niveau de déchets de chantier.
« Ce sont des éléments de polystyrène et de matériaux d’isolation qui auraient rapidement pris feu. Le vent du matin a ensuite propagé les flammes sur plusieurs mètres carrés », précise une source proche des secours.
L’intervention des pompiers a permis d’éviter la propagation aux niveaux inférieurs. Une vingtaine de soldats du feu, issus de plusieurs casernes de la métropole, ont été mobilisés avec quatre engins, dont une grande échelle.
Une opération maîtrisée en moins d’une heure
Malgré les difficultés d’accès, les secours sont parvenus à contenir le sinistre en moins d’une heure. Les résidents, invités à rester confinés par mesure de précaution, ont pu regagner leurs logements rapidement. L’évacuation de la résidence hôtelière n’a pas été nécessaire.
« On a vu une grande fumée noire depuis notre chambre, on a cru à un incendie dans l’immeuble », témoigne une touriste originaire de Toulouse. « Finalement, la réception nous a dit que c’était sous contrôle. »
Le centre commercial Euralille, situé au pied de la tour, est resté ouvert pendant toute la durée de l’intervention, bien que de nombreuses personnes aient exprimé leur inquiétude. Les agents de sécurité ont redoublé de vigilance pour encadrer la circulation dans les galeries.
Des travaux en question
Le chantier de rénovation de la toiture avait débuté il y a quelques semaines. D’après les éléments communiqués par la métropole, les travaux portaient sur l’étanchéité et l’isolation thermique du dernier étage. Le recours à un chalumeau pour la pose de matériaux bitumineux est une technique encore couramment utilisée, mais elle comporte des risques bien identifiés.
« Ce type de feu, heureusement sans gravité, met en lumière les dangers liés à certains procédés. Des précautions supplémentaires devront sans doute être envisagées », commente un représentant syndical du bâtiment.
Une enquête a été ouverte pour déterminer les responsabilités exactes. Les ouvriers présents sur le toit ont été entendus par les autorités dans l’après-midi. Aucune hypothèse criminelle n’est envisagée à ce stade.
Un impact limité mais visible
Si le sinistre n’a fait ni victime ni dégât majeur sur les étages inférieurs, des traces de suie sont visibles sur les parois supérieures de la tour. Une inspection technique doit avoir lieu ce vendredi pour vérifier la stabilité de la structure et les dégâts éventuels sur les installations électriques ou les gaines d’aération.
« L’incendie n’a pas eu de conséquences sur la structure, mais il faudra attendre les diagnostics pour autoriser d’éventuels travaux de remise en état », indique un responsable des bâtiments de la métropole.
Précédents et perspectives
Ce n’est pas la première fois qu’un incendie en hauteur suscite l’émoi dans la métropole. En 2017, un départ de feu sur un toit-terrasse d’un immeuble de bureaux à Villeneuve-d’Ascq avait mobilisé une importante colonne de secours. Dans les deux cas, des travaux étaient en cours sur la toiture au moment des faits.
À la suite de cet événement, les autorités locales pourraient durcir les conditions de réalisation de travaux thermiques sur les toits des bâtiments de grande hauteur, en particulier en zone urbaine dense.
« Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions, mais ce type d’incident ne doit pas être banalisé. L’enjeu, c’est la sécurité des habitants et des travailleurs », estime un élu local sous couvert d’anonymat.
Le calme est revenu dans le quartier d’Euralille dès la fin de matinée, mais l’incident a rappelé la vigilance nécessaire autour des chantiers en zone urbaine verticale. Les résultats de l’enquête pourraient déboucher sur de nouvelles recommandations en matière de sécurité.