Le Stade Pierre-Mauroy a vibré au rythme des plus grands titres de Ninho lors du lancement de sa tournée événement. L’artiste, connu pour ses textes incisifs et son sens de la mise en scène, a transformé l’arène lilloise en un terminal musical géant.

Un show d’ouverture aux allures de décollage

L’apparition de Ninho en jet privé, mis en scène sur écran géant avant son arrivée physique sur la scène du Stade Pierre-Mauroy, a immédiatement donné le ton d’un concert pensé comme un voyage. Dès les premières notes, la foule est emportée dans l’univers du « Jefe Airlines Tour », un concept à la fois musical et visuel, où chaque morceau devient une escale.

Vêtu d’un bomber et d’un treillis militaire, le rappeur du sud de l’Essonne est accueilli par une clameur impressionnante. La scénographie, immersive et dynamique, s’étire sur près de 25 mètres. Les visuels projetés changent au rythme des titres, apportant une profondeur narrative à chaque chanson.

« On n’avait jamais vu ça ici. C’était plus qu’un concert, c’était un vrai spectacle. Tout était calibré, mais en même temps très humain », confie Malik, 26 ans, venu de Tourcoing pour assister à la première date de la tournée.

Une discographie monumentale mise en scène

L’artiste, dont la carrière est jalonnée de records — plus de 300 singles certifiés et plus de 3 millions d’albums vendus —, a revisité une large partie de son répertoire. Dès les premières notes de Air Max, les 20 000 spectateurs s’élèvent dans un élan collectif, scandant les paroles avec ferveur.

Des titres comme Un Poco, Zipette, Lettre à une femme ou encore La Puerta sont interprétés dans des versions puissantes, où la qualité sonore de l’arène renforce la portée émotionnelle des morceaux. Le mur d’images, véritable écran narratif, permet d’illustrer les thématiques chères à Ninho : la rue, la réussite, la solitude, la trahison, la loyauté.

« Ce qui me touche chez lui, c’est qu’il parle vrai. Ce n’est pas juste pour le show. Il y a une sincérité dans ses textes », partage Nadège, 34 ans, fidèle auditrice.

Une scène partagée, des invités remarqués

Gradur, Gaulois, Yaro ou encore Kaneki sont venus épauler Ninho au fil de la soirée. Chaque apparition donne lieu à un changement de rythme, une énergie renouvelée. Ces duos apportent une touche collaborative à un show qui, s’il est centré sur la figure du « Jefe », ne tombe jamais dans l’excès d’ego.

La complémentarité entre Ninho et ses invités se ressent particulièrement sur les morceaux partagés. Chacun y trouve sa place, sans éclipser l’autre, dans une atmosphère de respect artistique et de cohésion scénique.

Une logistique au service du concept

Le Stade Pierre-Mauroy, habitué à accueillir des événements sportifs d’envergure, a été transformé pour l’occasion en arène de concert à la pointe de la technologie. Le dispositif sonore, couplé à des jeux de lumière millimétrés et à un mur LED surdimensionné, a permis d’immerger totalement le public.

L’organisation a mobilisé plusieurs centaines de personnes, de la sécurité à la régie technique, pour assurer une fluidité sans faille. Malgré l’ampleur du public, l’événement s’est déroulé sans incident majeur, salué par les spectateurs comme par les professionnels présents.

« Il y a eu un vrai souci du détail. De l’entrée dans le stade à la dernière note, tout était parfaitement orchestré », témoigne un technicien en charge de l’éclairage.

Une tournée aux ambitions internationales

Le « Jefe Airlines Tour » ne fait que commencer. Après Lille, Ninho doit se produire dans plusieurs grandes villes françaises, dont Marseille, Lyon, Bordeaux et Paris. Des dates à l’étranger sont également envisagées, notamment en Belgique, en Suisse, et en Afrique francophone, où l’artiste jouit d’une popularité croissante.

Cette tournée marque une nouvelle étape dans la carrière de l’artiste, qui entend imposer une vision du spectacle total, à mi-chemin entre performance musicale et mise en scène cinématographique.

Un artiste à part dans le paysage du rap français

Ninho, de son vrai nom William Nzobazola, s’est imposé au fil des années comme l’une des figures majeures du rap francophone. Révélé au grand public en 2016, il enchaîne depuis les succès commerciaux tout en gardant un attachement fort à ses racines et à son style d’origine.

Loin des polémiques, il s’est construit une image d’artiste travailleur, concentré sur la musique, refusant de se disperser. Ses textes, souvent autobiographiques, abordent les réalités sociales avec une lucidité marquée.

« Ce n’est pas juste du divertissement. Il y a une part de témoignage dans ses morceaux. On sent qu’il vient de quelque part, et qu’il veut emmener les gens avec lui », résume Karim, fan de la première heure.

Perspectives : un virage vers le long terme

Si cette tournée s’annonce comme un sommet artistique, elle pourrait aussi marquer un tournant. Ninho a déjà évoqué son désir de produire de jeunes talents, et de prendre du recul sur les projecteurs pour mieux transmettre. Ce « Jefe Airlines Tour » pourrait ainsi être interprété comme une métaphore : un dernier grand vol avant de passer le manche à d’autres.

Mais pour l’heure, le public suit. Et le « Jefe », fidèle à lui-même, continue de tracer sa route avec rigueur, intensité et un sens du spectacle indiscutable.